jeudi 5 juin 2008

The Invasion (invasion)


"Oh God, I'm so afraid I'm gonna fall asleep."

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Si le succès de I Am Legend ne peut raisonnablement être contesté, celui de cet autre ambitieux remake de science-fiction porté par la Warner figure au nombre des contre-performances* du producteur Joel Silver et de l'actrice Nicole Kidman, réunis pour la première fois sur un projet. La question posée à l'annonce d'une telle production concerne inévitablement ses motivations. Une fois évacuées les réponses arguant de l'actuelle panne d'inspiration (toute relative !) des scénaristes hollywoodiens ou de mobiles purement commerciaux (ici démentis a posteriori !!), il faut évidemment rechercher la plus-value créée par une nouvelle adaptation d'un ouvrage ou version d'un film. En particulier dans le cas de The Invasion puisque la première adaptation du roman publié en 1955 de Jack Finney par Don Siegel est, hormis son titre français, généralement considérée comme une grande réussite et un classique du genre. Et que deux autres cinéastes, avant le Hambourgeois Oliver Hirschbiegel, avaient déjà pris le risque d'un(e) remake/sequel, pour le (presque) meilleur (Philip Kaufman) ou pour le pire (Abel Ferrara), tous deux produits par Robert Solo.
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Lors de son entrée dans l'atmosphère terrestre, la navette spatiale Patriot est détruite pour une raison inexpliquée. Les scientifiques de NASA découvrent sur les différents sites où sont tombés les débris de l'engin des organismes vivants inconnus, sorte de spores ayant résisté aux températures extrêmes du vol. La zone potentiellement contaminée, placée sous protection militaire et policière, couvre un couloir d'environ trois cents kilomètres de large allant de Washington à Dallas. Tucker Kaufman, le patron de la CDC (institut national de veille sanitaire) dépêché sur place par le président des Etats-Unis, est incidemment piqué au doigt par un fragment présenté par une jeune fille. Pendant son sommeil, son corps est l'objet d'une inquiétante mutation métabolique. Au même moment, son fils Oliver qui vit avec sa mère Carol Bennell est brutalement réveillé par un cauchemar. Le lendemain matin, celle-ci reçoit un appel de son ex-époux lui demandant, contre toute attente, de lui confier Ollie pour quelques jours. Son ami médecin et voisin Ben Driscoll qui l'accompagne à son cabinet tente de la rassurer sur les intentions de Kaufman. La psychiatre est attendue avant l'heure du rendez-vous par sa patiente Wendy Lenk. Cette femme, qui consulte le dr Bennell depuis quatre ans en raison de troubles provoqués par de régulières et graves crises conjugales, lui affirme ne plus reconnaître son mari, tueur à mains nues de leur chien rendu fou par la présence de ce dernier.
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Un demi-siècle sépare Invasion of the Body Snatchers du cinquième long métrage de cinéma et premier film hollywoodien d'Oliver Hirschbiegel mais, malgré les moyens financiers et techniques infiniment supérieurs dont disposait celui-ci, aucune comparaison n'est sérieusement envisageable. Si l'on ne connaît pas la série B de Don Siegel devenue culte bien avant d'entrer au National Film Registry (1994), The Invasion se laisse voir sans déplaisir. Le scénario de la version originale se voulait une métaphore des dangers de la guerre froide et du maccarthysme, celui de ce troisième remake signé par le méconnu Dave Kajganich évoque sans les explorer véritablement les psychoses modernes liées aux infections virales, chimiques ou nucléaires. Les thèmes de l'humanité (et ses corollaires bestialité ou monstruosité) et de l'irrationnel ou la figure du double, déterminants dans "The Body Snatchers" de Jack Finney, ne sont pas non plus développés sauf sous l'angle étroit d'une pacification induite. Centré sur un personnage féminin spécialiste (Miles Bennell était un homme, médecin généraliste), The Invasion peine à sortir de cet axe narratif rigide, celui de la peur d'une mère pour son fils et de muter à son tour en organisme extra-terrestre. Il est aussi le seul des quatre films tirés de l'ouvrage à proposer un dénouement optimiste.
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*les 40M$ de dollars de recettes globales (dont 15M$ aux USA) ne couvrent que la moitié du budget du film ; les revenus domestiques restant d'ailleurs inférieurs au cachet versé à Miss Kidman.

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