Actrices

"... Je veux des corps, pas de la psychologie."

Comparé à Il est plus facile pour un chameau... dans lequel on trouvait les uns et l'autre, le second film de la réalisatrice Valeria Bruni Tedeschi opte plutôt pour l'équation inverse. Affectif plus que sentimental, il est une œuvre à la fois intro et rétrospective puisque l'actrice se met en scène en utilisant à nouveau des éléments autobiographiques. Ecrit avec les "vieilles" complices Noémie Lvovsky, qui tient également ici un rôle à l'écran significatif, et Agnès de Sacy, Actrices a obtenu l'année dernière le "Prix spécial du jury" (présidé par Pascale Ferran) de la section cannoise "Un Certain regard".

A bientôt quarante ans, Marceline Birovsky se désespère de trouver un jour l'homme de sa vie. Ses précédentes aventures amoureuses ont jusqu'à présent été de cuisants échecs et la possibilité physiologique d'une grossesse devient très hypothétique. Choisie par Denis pour interpréter Natalia Petrovna* dans une adaptation aux Amandiers de la pièce de Tourgueniev "Un Mois à la campagne", la comédienne retrouve pendant les répétitions Nathalie, une ancienne camarade de cours de théâtre engagée comme assistante du metteur en scène. D'abord encouragée, voire adulée par ce dernier, Marceline ressent de plus en plus de difficulté à entrer dans son personnage... à l'exception de l'attirance éprouvée par celui-ci pour le précepteur Alexéï Nikolaïevitch joué par son jeune partenaire Eric Michaux.

"... Si ça se trouve..." Toute la problématique d'Actrices, dédié par Valeria Bruni Tedeschi à son frère aîné Virginio décédé en juillet 2006, tient justement à la question de l'absence. Incapacité pour la femme-enfant (ou le contraire) Marceline, version moderne de la Belle au bois dormant, à découvrir son prince charmant mais aussi pour la cinéaste à trouver puis à donner une cohérence narrative, une véritable intensité dramatique à son film. Inspiré d'une expérience professionnelle réelle, le scénario apparaît rapidement chaotique et choit dans cette tentative un peu maladroite (par inconscience ou prétention ?) de mise en abyme. La démarche (psycho)thérapeutique d'Il est plus facile pour un chameau... est toujours vivace mais l'humanité et la drôlerie du premier film n'ont ici plus cours. La réalisatrice Bruni et l'actrice Tedeschi (ou l'inverse) ne devraient-elles pas, tout simplement, cesser de tourner ensemble ?

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*à laquelle Jeanne Moreau, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert et Clotilde de Bayser ont notamment prêté leur visage sur scène.