mardi 22 septembre 2015

Kind Hearts and Coronets (noblesse oblige)

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"It is so difficult to make a neat trump of killing people with whom one is not on friendly terms."

Le premier film tourné par  pour les Ealing Studios a durablement marqué les esprits de ceux qui l'ont vu mais aussi l'histoire du cinéma. S'il ne tient pas le rôle principal, le comédien y interprète à lui seul, avec un remarquable talent protéiforme, huit personnages différents dont une femme, presque tous victimes d'une insidieuse vengeance familiale. Librement adapté par  et John Dighton d'un roman1 du début du siècle, Kind Hearts and Coronets2 réussit le tour de force de transmuer une ignoble fiction en formidable et distingué chef-d'œuvre de la comédie noire britannique. Condamné par ses pairs à la pendaison, Louis Mazzini D'Ascoyne, dixième duc de Chalfont, termine de rédiger ses mémoires dans la cellule où il a été placé à la veille de son exécution. Fils de l'union réprouvée entre la fille du septième duc et un chanteur d'opéra italien, Louis décide de venger le triste sort dans lequel sa mère a été abandonnée jusqu'à sa tombe en éliminant l'un après l'autre tous les membres de la famille qui le précédent dans la succession pour le titre nobiliaire.
Spirituel, élégant, Kind Hearts and Coronets constitue moins une satire de l'aristocratie édouardienne (la septième du nom) qu'un très délicieux, transgressif et assez peu vertueux conte moral à l'ironie particulièrement mordante. Les trouvailles opératoires, l'humour raffiné et l'originalité du scénario, la qualité du travail des équipes de production dirigées par Michael Balcon, l'habilité du réalisateur  ont d'évidence contribué à la durable notoriété du film. Bien entouré (3, l'Irlandaise 4 et 5)6 lui apporte un avantage insolite, inestimable en singularisant absolument l'objet de la vindicte de Louis Mazzini D'Ascoyne. Candidat (au sein d'une sélection relevée) au "Lion d'or" de la 10e MostraKind Hearts and Coronets apparaît au sixième rang du classement des meilleurs films britanniques établi en 1999 par le British Film Institute.

N.B. : le projet de remake envisagé en 2000 par Mike Nichols (avec Robin Williams et Will Smith dans les rôles tenu respectivement par Alec Guinness et Dennis Price) n'a jamais abouti.
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1. le clairement antisémite "Israel Rank: The Autobiography of a Criminal" (1907) du dramaturge et directeur de théâtre Roy Horniman.
2. le titre fait référence aux vers du poème "Lady Clara Vere de Vere" (1842) d'Alfred Lord Tennyson : "Kind hearts are more than coronets, And simple faith than Norman blood." cité au cours du métrage par la jeune veuve Lady Edith d'Ascoyne.
3. l'un des trois personnages centraux de A Canterbury Tale du duo Michael Powell-Emeric Pressburger. Il retrouvera  dans Tunes of Glory (1960).
4. la titulaire du rôle d'Elizabeth dans Bride of Frankenstein (1935) avait déjà été la partenaire d' dans Great Expectations (1946).
5. l'interprète de Peggy Macroon dans Whisky Galore! d' sera à nouveau associée à  dans The Man in the White Suit (1951), Father Brown (1954) réalisé par  puis dans le tardif et   Little Dorrit (1983).
4. dont les deux premiers rôles au cinéma avaient été dans les deux adaptations de romans de  dirigées par . 



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