mercredi 1 juillet 2015

Whiplash

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"- But is there a line? You know, maybe you go too far, and you discourage the next Charlie Parker from ever becoming Charlie Parker?
- No, man, no. Because the next Charlie Parker would never be discouraged."

Registre relativement inusité1, le drame musical recèle pourtant un réel potentiel narratif. Des ressources qu'a adroitement su exploiter  dans ce troisième film2. Venant après Guy and Madeline on a Park Bench3 et le court4, tourné alors faute des fonds nécessaires pour produire d'emblée la version longue, Whiplash relate en effet, avec originalité et brio, le douloureux apprentissage d'un étudiant totalement accaparé par son désir de devenir l'un des meilleurs batteurs jazz de sa génération, voire au-delà5. Poussé dans ses derniers retranchements par un professeur spécialement odieux (sadique ?!), sorte de sergent instructeur pour lequel tous les moyens (dénigrement, insultes, brutalité, sauvage mise en concurrence...) sont bons pour tenter de révéler, en particulier à lui-même, un musicien d'exception.
Le scénario s'inspire d'ailleurs, en forçant le trait, de l'expérience vécue par  à la Princeton High School avant qu'il n'entreprenne une formation de réalisateur, son ambition initiale. La vive confrontation, qui tourne à l'affrontement, entre Andrew Neiman et Terence Fletcher rythme le film, catalyseur des implications psychologiques (notamment l'obsession destructrice ou la tentation du retranchement), morales et sociales qu'il développe aussi à la marge. Outre l'intérêt intrinsèque du récit sciemment dramatisé, de sa mise en scène réussie, les saillantes prestations de 6 (même si le batteur amateur - depuis une douzaine d'années - est parfois doublé) et 7 constituent évidemment l'un des atouts forts de Whiplash. La rivalité pour le seul poste de batteur, au sein d'un big band, pose cependant question. On regrette également le faible poids des principaux personnages connexes (tenus par , le Paul Buchman de la série télévisée Mad About You, et ). Le film8 a obtenu les "Grand prix du jury" et "Prix du public" lors de la 30e édition de Sundance et du 40e Festival de Deauville.
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1. hors biopics ou documentaires (tel le récent I Am Not a Rock Star). La pratique instrumentale n'était qu'un des arguments secondaires de The Man with the Golden Arm adapté du roman de Nelson Algren par Otto Preminger et Inside Llewyn Davis des frères  traite d'avantage d'une époque et de l'errance.
2. entretemps le natif de Providence a prolongé, pour la sequel The Last Exorcism Part II, l'histoire imaginée par  et  et signé le scénario du thriller musical Grand Piano (2013) de l'Espagnol .
3. hommage aux comédies musicales des années 1930. L'un des personnages-titre y est trompettiste jazz.
4. primé à Sundance en 2013.  y tenait déjà le même rôle.
5. approcher la notoriété de son idole, le phénoménal Buddy Rich (moins apprécié des amateurs de jazz que le novateur Art Blakey ou que l'excellent et polyvalent Peter Erskine).
6. le rôle d'Andrew a d'abord été refusé par Dane DeHaan.
7. grâce à ce film, l'acteur au générique de près de cent cinquante films et séries a obtenu ses premiers trophées individuels dont les BAFTA, "Golden Globe" et "Oscar" du meilleur acteur de soutien (sic !) sur un total de quarante-sept récompenses.
8. l'une des très rares productions nommées aux Academy Awards ayant connu un faible montant de recettes commerciales (13M$ pour 3,3M$ de budget).


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