mercredi 29 juillet 2015

Le Glaive et la balance

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"- ... Quand on s'est trouvé tout à coup en présence d'un troisième homme.
- Et... depuis deux mois...
- Nous tournons en rond autour du phare."

Peut-être parce que la critique lui avait un moment reproché faire précéder le cinéaste par l'avocat,  s'éloigne à la fin des années 1950 de son sujet de prédilection pour tourner trois drames au caractère moins affirmé. Il y fait néanmoins un retour assez discutable avec ce long polar judiciaire, produit par Robert Sussfeld (collaborateur notamment de ) associé pour cette unique occasion à Willy Pickardt, au casting prestigieux. Le dernier scénario co-écrit avec Charles Spaak fonde sa narration sur une astucieuse énigme crimino-situationelle que des investigations policières et de personnalité vont successivement tenter de résoudre. Le jeune fils d'une riche veuve, installée à proximité d'Antibes, est enlevé avec demande de rançon. Grâce à la surveillance mise en place sur le lieu de récupération, les équipes mobilisées par le commissaire Pranzini parviennent à filer discrètement les ravisseurs. Mais l'intervention inopinée d'un motard de la gendarmerie, abattu par ceux qu'il poursuivait, modifie le cours des événements. Après avoir tué l'enfant, les deux malfaiteurs essaient de s'enfuir à bord d'un bateau à moteur mais sont rattrapés à l'extrémité d'une digue. Sommés de sortir du phare où ils se sont réfugiés, François Corbier puis Jean-Philippe Prévost se soumettent à l'injonction, bientôt rejoints par un troisième homme, l'Etasunien Johnny Parsons ; chacun affirmant ne pas connaitre les deux autres.
La ruse de cet amorçage, singulièrement pertinent pour l'exposé de l'argument principal du film, la disculpation sur la base du doute*, se trouve hélas émoussée par les multiples développements, parfois superflus, auxquels se prête le scénario un peu laborieux. Le Glaive et la balance (emblèmes de la sanction et de la justice étatiques) souffre également de la qualité très inégale des dialogues d'Henri Jeanson** et du jeu de certains acteurs. On regrette aussi le sacrifice vainement consenti par  à la mode cinématographique du jazz et de la jeunesse turbulente. Le contrasté trio de tête d'affiche (, récent interprète, au cours de sa période européenne, de Josef K. dans Le Procès d', le sémillant  et le Toscan , titulaire de l'un des rôles-titre du Rocco e i suoi fratelli de ) et le plaisant effectif de seconds rôles franco-italiens (...) évitent au film de provoquer une trop forte déception.
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*l'influence de l'excellent 12 Angry Men (1957)  et  sur ls scène de délibération du jury n'aurait vraiment rien d'improbable.
**avec lequel  avait collaboré sur  (1938) de Marc Allégret et pour Farandole (1945) d'.



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