lundi 27 juillet 2015

Le Miroir à deux faces

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"... Est-ce que j'ai l'air d'être le mari de cette femme là ?"

Unique collaboration d' avec Gérard Oury, ce premier scénario co-signé* par l'acteur (récent partenaire de  dans Le Dos au mur de ) comporte quelques intéressantes particularités. Il est en effet l'un des premiers (deux ans avant le réputé et inquiétant Les Yeux sans visage de ) à placer la chirurgie plastique, spécialité alors en vogue - notamment aux Etats-Unis - au nom du postulat de la "beauté à tout prix", au cœur de sa narration. Une "accidentelle" transformation faciale qui va remettre gravement en question le lien conjugal, mais aussi de sujétion, à l'intérieur d'un couple initialement assez banal et pousser le conjoint au meurtre (point de départ d'un récit en flashback).
Les thèmes de l'identité/altérité, de l'ambivalence, du décalage esthétique (l'apparence constituant, traditionnellement, un critère inégal, voire déterminant selon le sexe) et psychologique, de l'autonomie féminine fondent ce Miroir à deux faces. Double ambiguïté puisque la métamorphose de Marie-José Vauzange-Tardivet, fondée sur une recherche sincère et généreuse du bonheur, fait en quelque sorte contrepoint au sournois travestissement de sa véritable personnalité opéré par le mesquin Pierre Tardivet (indifférent au physique de sa future épouse... mais éliminant de façon systématique les candidates trop jolies, donc potentiellement infidèles) au moment de leur rencontre. Au moins deux autres éléments donnent un caractère singulier au film de . La décision (a priori saugrenue ou irrévérencieuse) de défigurer  (future épouse, en troisième noces, d'Oury) ; celle aussi, significative, de confier à ** son premier personnage (dans un rôle principal) dramatique, même s'il comporte quelques facettes comiques habituelles chez formidable acteur. L'aimable distribution de soutien réunie par les producteurs Alain Poiré et Henry Deutschmeister (parmi laquelle Gérard Oury en distingué chirurgien,  en Parisien expatrié, , ...) achève de nous convaincre.

N.B. : le film inspirera (vaguement !) la comédie sentimentale The Mirror Has Two Faces (1996) produite, réalisée et jouée par  (avec  et ) sur un scénario de Richard LaGravenese.
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*avec le réalisateur, sur des dialogues de  (Quand la femme s'en mêleet Denis Perret.
**associé, une seconde fois, à  dans Fortunat (1960), l'adaptation du roman de  par .


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