The Hitch-Hiker (le voyage de la peur)

"Cut it out! If you're gonna kill us, do it and get it over."

Lassée par sa carrière d'actrice, débutée au début des années 1930 dans son Angleterre natale et qui l'a pourtant jusque-là plutôt gâtée(1), Ida Lupino, décide de passer à la réalisation. Libérée depuis 1947 de son engagement vis-à-vis de la Warner, D'abord incidemment en palliant la sévère défaillance d'Elmer Clifton sur le tournage de Not Wanted (co-signé, co-produit par elle et dans lequel sa sœur cadette tenait un second rôle). Puis en créant, avec son deuxième époux Collier Young(2) (Act of Violence), une structure de production susceptible de lui permettre de concrétiser ce projet inédit (autre femme de tête, son aînée Bette Davis ne l'a jamais sérieusement envisagé). Après trois drames centrés autour d'un personnage féminin, la deuxième femme (après Dorothy Arzner) a être admise à la Directors Guild of America dirige dans The Hitch-Hiker un casting presque exclusivement masculin. Inspiré par la meurtrière cavale du psychopathe Billy Cook survenue en décembre 1950, ce bref polar a rejoint en 1998 le National Film Registry(3).

Une ancien détenu nommé Emmett Myers est recherché par la police de Californie pour une série de meurtres. Il utilise toujours le même mode opératoire : l'individu, pris en stop, menace de son revolver ses victimes, les abat froidement à l'écart de la route puis dérobe l'argent et les objets de valeur. Gilbert Bowen et Roy Collins, deux amis partis pour passer un week-end de pêche à la montagne, prennent finalement la direction de San Felipe au Mexique. A la sortie de Mexicali, ils prennent à bord de leur véhicule un automobiliste tombé en panne d'essence. Lorsque Bowen propose une cigarette à leur passager, celui-ci refuse et sort un revolver. Collins et Bowen sont invités avec fermeté à suivre docilement ses directives. Le criminel compte prendre le ferry reliant Santa Rosalia, localité distante de huit cents kilomètres, à Guaymas.

Le fait divers, revenu d'ailleurs en force à Hollywood ces dernières années, ne constitue pas toujours un gage d'intérêt et de qualité. Si l'idée(4) de porter cette affaire au cinéma pouvait apparaître bonne à l'époque, The Hitch-Hiker a manifestement assez mal résisté à l'épreuve du temps. En particulier, le déficit de matériau narratif (il est vrai, édulcoré par rapport à la réalité) donne au développement un caractère répétitif un peu dommageable, accentué par celui de la bande originale. Une faiblesse d'autant plus surprenante lorsque l'on sait que Daniel Mainwaring, auteur et adaptateur rappelons-le du roman à l'origine de Out of the Past, a participé sans mention au générique (car "blacklisté") à l'écriture du scénario. Si les prestations d'Edmond O'Brien et de Frank Lovejoy (partenaire d'Humphrey Bogart dans In a Lonely Place et de Vincent Price dans House of Wax) souffre d'un léger manque de relief, celle de William Talman, plus connu pour son rôle du procureur Hamilton Burger dans la série télévisée Perry Mason doit être soulignée. Tout comme le travail du chef-opérateur d'origine italienne Nicholas Musuraca, collaborateur de Jacques Tourneur, Robert Siodmak et Fritz Lang notamment. The Hitch-Hiker a enfin probablement motivé le thriller presque homonyme de Robert Harmon avec Rutger Hauer dans le rôle du fatal auto-stoppeur.

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1. en lui offrant de tourner sous la direction de Walsh (They Drive by Night, High Sierra) ou de Curtiz (The Sea Wolf) notamment.

2. que l'ironie du sort fera décéder en 1980 lors d'un accident de la route.

3. dans une liste comprenant entre autres Bride of Frankenstein, The Ox-Bow Incident, Deadly Is the Female, Easy Rider et Tootsie.

4. taglinée : "when was the last time you invited death into your car?"