mardi 1 décembre 2009

La Habanera


"... Nous médecins, ne voulons pas, mais nous devons."

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Eté 1927. A la veille de retourner à Stockholm, Astree Sternhjelm et sa tante Ana apprécient différemment leur ultime journée de vacances à Porto Rico. Si la première voudrait y prolonger son séjour, la seconde a hâte de quitter cette île arriérée et incommode. Sur la route de leur hôtel, elles rencontrent Don Pedro de Avila qui les convie à assister à la traditionnelle course de taureaux qu'il organise tous les ans dans son village. En raison de la blessure de l'un des toreros, le riche propriétaire doit descendre dans l'arène pour y accomplir la mise à mort de l'animal. Le jour du départ, Don Pedro accompagne les deux parentes jusqu'à l'embarcadère. Mais, juste avant l'appareillage, Astrée décide brutalement, influencée par la chanson "La Habanera" interprétée par des artistes de rue, de quitter le navire et de retrouver l'homme qui la convoite élégamment. Quelques jours plus tard, les nouveaux amants convolent en justes noces. Dix ans plus tard, le séduisant docteur Sven Nagel, lors de son bref passage à la réception donnée par Ana Sternhjelm, il apprend à cette dernière son imminent départ en compagnie de son confrère brésilien Luis Gomez pour Porto Rico afin d'y mener, dans le cadre de la fondation créée par l'hôtesse de la soirée, une enquête sur la fièvre locale. Mme Sternhjelm lui révèle ne pas avoir eu de nouvelles de sa nièce depuis leur surprenante séparation.
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Dernier film de Douglas Sirk tourné dans l'Allemagne d'avant-guerre, La Habanera est un drame intéressant à plusieurs titres. En premier lieu, parce que son scénario transpose et altère sensiblement le récit du très populaire et opératique Carmen de Prosper Mérimée et Georges Bizet. Le titre lui-même semble rendre explicitement hommage à la célèbre aria* du compositeur. Ensuite, l'intrigue sentimentale occupe une place au plus égale à celle, thérapeutique, à l'origine et à la résolution de la fiévreuse tension qui s'y noue. Enfin, le film peut être vu comme une métaphore, Porto Rico, paradis infernal, dominé par un maître dissimulateur constituant une représentation symbolique du régime nazi et de son fürher. Tourné entre septembre et novembre 1937, notamment à Tenerife (Iles Canaries) alors que la guerre civile espagnole faisant rage sur le continent, La Habanera sort à Berlin un mois plus tard, soit moins d'un an avant la funeste Reichskristallnacht. Pour les besoins de cette production, Sirk obtenait un passeport provisoire grâce auquel, sous prétexte d'effectuer en Afrique du Sud les repérages de son prochain film, il réussissait à quitter l'Allemagne pour rejoindre son épouse Hilde en Italie, étape initiale de leur pérégrination européenne avant le départ pour les Etats-Unis.
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*dans laquelle la bohémienne et cigarière expose sa conception cynique, libertaire et désillusionnée de l'amour.

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