mardi 1 avril 2008

Akitsu onsen (la source thermale d'akitsu)


"... La vie n'est qu'un adieu."

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Avec ce quatrième opus, Yoshishige Yoshida opère un premier tournant dans sa carrière. Première adaptation du cinéaste et premier film en couleur, Akitsu onsen marque également le début de sa longue collaboration avec l'actrice et future épouse Mariko Okada. Tiré du roman de Shinya Fujiwara*, ce drame assurait à Yoshida une audience un peu plus large, posant ainsi les jalons initiaux d'une notoriété, surtout critique, vivace depuis plus de quarante ans, en France notamment.
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Août 1945. Démobilisé, Shûsaku Kawamoto retourne chez lui à Okayama dont il ne reste que ruines et cendres. Parti en train rejoindre sa tante à Tottori, l'ancien étudiant très affaibli décide de s'arrêter en route et de suivre une charitable voyageuse inconnue jusqu'à l'auberge de la station thermale d'Akitsu où elle est employée. Un soir, Shûsaku, en proie à de violentes souffrances, voit une jeune femme se réfugier dans le local lui servant de chambre pour échapper à la colère d'un client. Les tentatives de Shinko, la fille de la propriétaire, pour soulager les répétitifs malaises de Shûsaku sont repoussées avec brutalité avant de constater ensemble qu'ils dissimulaient une tuberculose. Inapte au service militaire et donc privé de prescription thérapeutique, Shûsaku est installé dans l'annexe et soigné par Shinko. Le profond désespoir provoqué peu après chez celle-ci par l'annonce impériale de reddition du Japon donne soudainement au malade un vigoureuse motivation à vivre. Rétabli et rentré à Okayama, Shûsaku se laisse pourtant gagner par la mélancolie et par l'alcool. Il choisit d'aller mourir à Akitsu, proposant à Shinko de l'accompagner pour cet ultime voyage.
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Mélodrame psychologique et climatique un peu froid, Akitsu onsen relate au-delà de la classique et funeste histoire d'amour impossible une erratique recherche de sens fondée elle-même sur une expérience traumatique. L'échec et la trahison constituent les deux ferments essentiels d'un scénario dominé par la fascination presque hypnotique du désastre. Une inspiration soutenue par l'explicite citation du Macbeth** de Shakespeare dans le premier tiers du métrage. Dans ce registre, le film de Kijû Yoshida ne possède néanmoins pas le souffle novateur, perturbant et la force tragique d'Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, sorti trois ans plus tôt. Le film surprend aussi, voire déconcerte par ses transitions elliptiques et l'envahissant score d'Hikaru Hayashi qui profite des silences (mutismes !) orchestrés au cœur des dialogues. Difficile en revanche de taire la qualité de l'interprétation de Mariko Okada, la fille du célèbre comédien du cinéma muet Tokihiko. L'actrice ayant débuté chez Mikio Naruse, à l'affiche la même année du dernier film de Yasujiro Ozu Sanma no aji, obtenait d'ailleurs deux nouveaux prix grâce à ce rôle.
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*également à l'origine du Kedamono no yado de Tatsuyasu Osone scénarisé par Akira Kurosawa.
**"... It is a tale told by an idiot, full of sound and fury" (Acte V, scène 5), influence directe du quatrième roman de William Faulkner.

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