"... Mélangée à un quelque chose de vulnérable et de poétique..."
Lorsque l'on évoque le cinéma danois, les cinéphiles affranchis citent aussitôt Carl Theodor Dreyer, Gabriel Axel, Lars von Trier, Bille August, Erik Clausen ou encore Thomas Vinterberg*. Né à Paris de parents islandais, Dagur Kári, formé à la Danske Filmskole, appartient à la nouvelle génération des réalisateurs nordiques. Voksne Mennesker,
son deuxième long métrage, revendique assez nettement cette singularité
qui caractérise le plus souvent les productions de cette région du
monde. Présentée dans la section cannoise "Un Certain regard"
en 2005, cette comédie dramatique offre une inattendue et réjouissante
équipée hors des pistes convenues fréquentés par la plupart des
productions actuelles.
Daniel Clausen
est poursuivi par ses créanciers, en particulier son logeur et
l'administration des amendes automobiles. Le jeune homme, éternel
adolescent, gagne très modestement sa vie en réalisant des tags, cadeaux
offerts à de jeunes femmes par leur petit ami respectif. Un matin, Daniel rencontre Franc(esca)
et reconduit chez elle la jolie vendeuse de boulangerie, sujette à un
mauvais trip dû à des amphétamines. Bien qu'elle soit convoitée par 'Papy', le rondouillard ami de Daniel, opérateur dans un centre d'étude du sommeil et souhaitant ardemment devenir arbitre de football, Franc devient l'amante du graffeur.
Surprenant, pour ne pas dire déconcertant, et décalé, Voksne Mennesker
n'est ni un drame social, ni une comédie légère... mais un peu des deux
à la fois, avec un mouvement allant d'ailleurs de l'autre à l'un. Le
personnage de Daniel vient en quelque sorte prolonger celui de Nói
du précédent film, jouets tous les deux du destin et de l'ironie.
Certains dialogues ou situations, à l'humour absurde, font mouche, Dagur Kári choisissant une composition (y compris musicale !) volontairement déstructurée, succession de dix (douze ?) saynètes traversées par un thème essentiel, celui du désordre et de l'irresponsabilité (et leur concept antinomique).
Le noir et blanc de l'image** renforce le contraste binaire dans lequel
va s'immiscer un dégradé de sentiments contradictoires, parfois
obsédants, et nostalgiques où se perdent les protagonistes de ce conte
moderne.
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*par ordre d'apparition à l'écran.
**un seul et bref plan en couleur apparaît dans le film.
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