La sortie d'un nouveau film de Michael Mann
reste un événement. Discret, peu sollicité ou célébré par les
professionnels de la profession, le réalisateur et producteur sait
disposer d'une forte estime auprès des cinéphiles, notamment européens,
au moins depuis le milieu des années 1980. L'annonce de l'adaptation au
cinéma de la fameuse série télévisée Deux flics à Miami, notoirement décalée à son époque, qu'il avait produite avec Anthony Yerkovich
au cours de ses cinq saisons ne pouvait que susciter un grand intérêt,
en particulier chez ces derniers. Que deviendraient les deux élégants
policiers circulant en (vraie-fausse) Ferrari, interprétés respectivement par Don Johnson et Philip Michael Thomas,
dans cette version transposée ? Et, surtout, comment leurs aventures
seraient-elles traitées sur le plan cinématographique ? La rénovation
l'emporte incontestablement sur la fidélité.. au risque d'en affaiblir
l'esprit.
A cause d'un de leurs indicateurs, les détectives James 'Sonny' Crockett et Ricardo 'Rico' Tubbs
de la brigade des mœurs de Miami sont contraints de participer à une
opération organisée par le F.B.I. Celle-ci a pour objectif d'appréhender
les membres d'un groupe néofasciste impliqué dans un trafic de
stupéfiants et responsable de la mort de trois agents fédéraux. Pour
cela, après avoir disqualifié les prestataires habituels, ils doivent
offrir leurs services de transporteurs à José Yero, le
fournisseur de drogue, rencontré au Paraguay. Mais ce dernier n'est
qu'un intermédiaire travaillant pour le compte d'une grosse pointure du
milieu, Arcángel de Jesús Montoya. Grâce à l'avis favorable d'Isabella,
sa plus proche collaboratrice, le parrain sud-américain confie une
première cargaison aux deux prétendus truands. Pour consolider cette
infiltration, 'Sonny' va entamer une liaison avec l'influente jeune femme asiatique ; relation qui va rapidement se révéler à double tranchant.
A l'opposé de Starsky and Hutch, Deux flics à Miami
était, dix ans après celle-là, une série où la forme l'emportait
nettement sur la narration, une tendance qui s'est d'ailleurs confirmée
par la suite à la télévision. Le film de Michael Mann
conserve, de ce point de vue, la même approche artistique, au point de
frôler parfois l'abstraction. Ce qui, dilué dans les cent onze fois
soixante minutes de la série, pouvait constituer alors un atout devient
un handicap au cinéma où, hélas, les séquences "clipées" sont devenu le
mode de réalisation privilégié. Miami Vice néglige également d'autres arguments, l'approfondissement de la relation 'Sonny'-'Rico', totalement subalterne ici, l'humour, le charisme des acteurs (en particulier Colin Farrell au registre assez étroit) et, last but not least, la qualité de la bande originale*. Le film est un polar solide, très correctement rythmé (quelques longueurs cependant) et mis en images. Un bilan toutefois insuffisant pour une production signée Mann.
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*signée notamment à l'époque par de célèbres artistes : Tina Turner, Joe Cocker, The Who, Lou Reed, U2, Frank Zappa, James Brown, Miles Davis...
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