"Aussi facilement que çà ?"
Le
cinéma chilien serait-il entrain de renaître ? Pas celui de l'exil*,
consécutif au coup d'état de 1973 qui occasionna une période de
glaciation artistique locale pendant près de vingt ans, mais le
"national" dont l'origine remonte au tout début du XXe siècle. Les
historiens du septième art soulignent l'importance des Pedro Sienna,
Jorge Delano, Eugénio de Liguoro ou José Bohr et l'influence du français
Pierre Chenal
au cours des années 1950. Une nouvelle génération a vu le jour,
influencée par les productions étrangères, étasuniennes et européennes
notamment, parmi laquelle figure le jeune Santiaguino Matías Bize.
Après Sábado, un premier long métrage (película en tiempo real i.e. plan séquence unique)
remarqué, le réalisateur, son scénariste et son actrice principale
livraient en 2005 un film très différent tant sur le plan de la
narration que du traitement. Présenté en première au festival de
Locarno, En la cama a reçu la même année un "Epi d'argent" à Valladolid et été sélectionné aux récents "Goya" espagnols.
Un couple fait l'amour. Daniela et Bruno étaient
inconnus l'un à l'autre il y a encore quelques instants. Entre deux
ébats, ils échangent sur des sujets divers et se découvrent
progressivement. Elle parle volontiers de son passé amoureux mais reste
discrète sur sa vie actuelle ; il part bientôt poursuivre ses études en
Belgique. Une aventure sans lendemain ?
Au premier abord, le bien nommé En la cama s'apparente à un (nouvel) exercice de style cinématographique. Le traitement visuel apporté par Matías Bize (gros plans, caméra vidéo très mobile, montage parfois fébrile voire convulsif, esthé-réalisme) renforce d'ailleurs cette impression. Ce huis clos en deux (trois !) actes, passant insensiblement de la légèreté au drame, n'est pourtant pas que cela. Car à travers cette intrigue simplissime, donc délicate, se révèle l'intimité de deux tempéraments sexuels (aux deux sens du terme)
et psychologiques, où s'opposent et se mêlent la vérité, le mensonge,
le secret et l'illusion, l'éphémère et le durable, le passé, le présent
et le futur. On pense évidemment à Une Liaison pornographique de Frédéric Fonteyne (davantage qu'à Nuit d'été en ville de Michel Deville ou au récent et explicite 9 Songs de Winterbottom). Plaisante prestation, entre composition et naturel, des deux interprètes. En la cama reste néanmoins trop convenu et "horizontal" pour nous surprendre réellement.
___
*des Raul Ruiz, Miguel Littin, Helvio Soto, Patricio Guzman, Sergio Castilla, Pablo de la Barra, Marilu Mallet, Orlando Lubbert, Angelina Vasquez, Valeria Sarmiento, Claudio Sapiain, Pedro Chaskel, Sebastian Alarcon, Hector Rios ou Luis Vera.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire