mardi 9 septembre 2003

The Big Combo (association criminelle)


"Mais je saurai vous ouvrir. Ensuite, j'opérerai. Je préfère ne pas penser à ce que je trouverai."

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Un authentique chef-d'œuvre du cinéma et une perle du film-noir. Le décor est-il assez bien campé ? Il va être difficile, d'emblée, de dissimuler mon admiration pour Joseph H. Lewis (ceux qui fréquentent le forum sont déjà "affranchis" !). Ce réalisateur est un pur alchimiste qui sait transformer le plomb (de modestes budgets) en or (des films beaux et captivants). Que l'on en juge par sa filmographie. Après un insensé Deadly Is the Female et A Lady Without Passport (pour ne pas faire trop long), il signe ce Big Combo qui fait date dans l'histoire du genre.
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Sur la base d'un scénario original, le film relate la longue traque que mène le Lieutenant Leonard Diamond pour arrêter un chef de la pègre, Mr. Brown. Mais la chasse n'est pas à sens unique, ce qui est souvent le cas dans le film-noir. Comme sur un échiquier à taille humaine, c'est à celui qui réussira le premier à avancer ses pions et à éliminer ses adversaires, voire ses propres alliés. Les deux reines, Susan Lowell et Alicia Brown, l'actuelle et l'ancienne compagnes de Mr Brown, la tour, Joe McClure, son associé, et les deux fous, Fante et Mingo, les hommes de main. De son côté, Diamond est un peu seul ; même son chef est réticent à le laisser poursuivre son enquête.
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La photographie de John Alton est splendide. L'utilisation fréquente d'une unique source de lumière, exercice délicat s'il en est au cinéma, crée un environnement inquiétant, peuplé d'ombres. Les dialogues contribuent, eux aussi, à créer cette atmosphère sombre et menaçante. La variété des scènes et leur intensité donnent beaucoup de rythme et de richesse à ce film déjà dense. La violence, parfois sourde*, est d'une audace incroyable pour l'époque. Elle place Joseph H. Lewis presque à égalité avec Fritz Lang dans ce domaine.
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Le réalisateur dispose, ce qui est plutôt rare, de comédiens de premier plan et sa direction d'acteurs est plus serrée que de coutume. Cornel Wilde, entrevu dans High Sierra de Walsh, est excellent. Ce n'est pas par des exploits athlétiques (dont il est habitué) qu'il crève l'écran, mais par une sobriété et une sincérité confondantes. Son épouse, Jean Wallace, impose sa beauté froide sans endosser la robe de la femme fatale. Richard Conte est remarquable dans le rôle de Mr Brown (malgré ses origines italiennes qui lui valurent, d'ailleurs, de jouer dans The Godfather). Brutale, féroce et menaçant, il laisse peu de place à Brian Donlevy, pourtant plus "capé" que lui depuis The Great McGinty de Preston Sturges. A noter également les participations de Lee Van Cleef et Earl Holliman.
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*la seconde "scène du sonotone" est un morceau d'anthologie : au moment où il va faire exécuter son associé, McClure, qui a voulu le trahir, Mr. Brown lui retire son sonotone pour lui épargner le bruit des tirs. Suit un plan génial de rafales de mitraillettes sans son.

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