lundi 8 septembre 2003

La Femme de mon pote


"- Vous êtes vachement bien organisés, tous les deux."
"- Ben oui, y en a un qui dégrossit et l'autre qui fignole."

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La Femme de mon pote n'est pas habituellement considéré comme une des œuvres majeures de Bertrand Blier. Pourtant, il réussit à trouver, avec ce septième long-métrage, un équilibre assez intelligent entre comédie et drame que l'on retrouvera dans Tenue de soirée et Trop belle pour toi. A partir d'une jolie petite histoire d'amitié, d'amour et de mauvaise conscience, il met en scène un trio savoureux capable de lui donner un peu de relief. Bien sûr, nous sommes loin de Jules et Jim, mais, dans son style, La Femme de mon pote brille d'un éclat certain.
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La compétition entre l'ami et l'amante, puis la séduction entre les deux rivaux ne sont pas traités sur un mode trivial. La narration est pertinente, même si l'on peut reprocher quelques longueurs. L'évolution psychologique des personnages est bien traduite (notamment grâce aux acteurs) et les relations entre eux ou l'ambiguïté des situations sont décrites avec doigté, sans insistance ou vulgarité. Le réalisateur a choisi un tournage presque exclusivement en intérieurs. Il n'utilise que modestement la splendeur des cimes enneigées de Courchevel, ce qui donne au film un côté un peu théâtral. Il y a d'ailleurs une évolution vers le huis-clos qui accentue volontairement le sentiment de malaise et d'enfermement. Mais l'humour n'est, bien entendu, jamais très loin. Bonne pioche pour la bande originale que le choix de dix chansons du grand J.J. Cale, dont le superbe "Magnolia" ou le slow de l'époque, "Classic" d'Adrian Gurvitz.
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Tourné la même année que Tchao pantin, Coluche donne à son personnage une complexité, une humanité que l'on n'avait pas entrevues dans ses précédents films. Drôle mais pas seulement, il est aussi touchant en amoureux blessé. On découvre, peut-être avant son rôle de Lambert, l'étoffe d'un vrai comédien et pas uniquement celle d'un amuseur (je n'utilise pas, volontairement, le terme comique qui suppose déjà une telle dimension de comédien). Son monologue, après la première demi-heure de film, est savoureux à plus d'un titre.
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Que dire d'Isabelle Huppert ? Elle est admirable dans un contre-emploi absolu de superbe salope et de parfaite idiote (à moins que ce ne soit plutôt, c'est ma thèse, une redoutable perfide qui va s'amender). Thierry Lhermitte (qui avait déjà, comme Huppert, un petit rôle dans Les Valseuses), dans une ambiance qui pourrait rappeler Les Bronzés font du ski*, n'a rien à voir avec son personnage de Popeye. Tout à la fois superficiel et grave, il est, ici, beaucoup plus convaincant en tant qu'acteur que dans les films de Patrice Leconte.
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*il est possible que Bertrand Blier ait choisi une station de ski en raison de la connotation que ce choix donne au personnage de Pascal/Lhermitte.

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