vendredi 27 mars 2015

Panic in the Streets (panique dans la rue)

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"... What did Kochak bring in?"

Thriller tendu, fiévreux, Panic in the Streets (au titre un peu fallacieux) affichait en 19501 son originalité. Et même si nous sommes désormais accoutumés (parfois jusqu'à l'infestation !) aux films prenant une épidémie, voire une pandémie pour fondement de leur scénario (le plus souvent anticipateur et/ou horrifique), il a conservé l'essentiel de sa percutante efficacité. Imaginée par l'ex-journaliste Edward Anhalt et son épouse Edna, récompensés par l'"Oscar" du meilleur scénario (dans la catégorie "Motion Picture Story", l'une des trois alors en vigueur) 1951, cette enquête menée conjointement par la police de La Nouvelle-Orléans et un médecin-officier des services de santé publique sort assez résolument des cadres conventionnels du polar criminel. Le meurtre nocturne d'un étranger entré clandestinement aux Etats-Unis à bord d'un cargo n'aurait vraisemblablement pas déclenché une opération d'une telle envergure s'il n'avait donné lieu à un diagnostic de risque sanitaire grave.
Une course contre la montre s'engage donc, d'abord pour identifier le pestiféré abattu, puis pour retrouver et vacciner les individus infectés par le bacille, parmi lesquels l'assassin et ses complices. Plus complexe et hasardeuse, l'investigation de terrain réclamée et obtenue par le lt.-cmdr. Clinton 'Clint' Reed2 suscite la méprise (intéressante sur le plan narratif) du tueur, persuadé que la massive mobilisation de policiers ne peut s'expliquer qu'en raison de l'existence d'un pactole laissé par la victime et secrètement récupéré par l'un de ses comparses. Le scénario co-signé par Daniel Fuchs et Richard Murphy (avec les contributions non créditées de John Lee Mahin et Philip Yordan) nous introduit également, à deux reprises, dans l'environnement familial de Reed, caractérisé par une profonde affection malgré ses faibles ressources financières, manière de souligner l'authentique dévouement du fonctionnaire à sa mission de sauvegarde. Je conteste la prétendue dimension métaphorique3 du récit ; le maccarthysme ébauchait alors à peine sa quête répressive, aucun des différents éléments scénaristiques ne venant réellement appuyer cette interprétation.
Trouver , en général davantage préoccupé par des thématiques socio-psychologiques, à la direction du film constitue en soi une petite surprise. Associé pour la deuxième fois au talentueux et polyvalent cinématographe Joseph MacDonald, le cinéaste d'origine grecque (réalisateur trois ans auparavant du polar judiciaire Boomerang déjà pour la Fox) se montre aussi adroit à réaliser les scènes d'action (recourant parfois au plan-séquence) que celles plus intimistes. La qualité du casting donne à Panic in the Streets une bonne partie de son cachet. A l'affiche un peu plus tôt de Night and the City conforte ici, aux côtés de  et  (dont la jeune carrière va ensuite se poursuivre surtout à la télévision), son standing d'icône hollywoodienne. Il est, en outre, amusant de relever l'informel passage de témoin de l'interprète découvert et aussitôt célébré grâce à son rôle de tueur psychopathe Tommy Udo dans Kiss of Death à , dans sa toute première apparition au cinéma également en meurtrier névrosé. La belle prestation de , camarade de  au théâtre, doit enfin être soulignée.
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1. Sunset BlvdDeadly Is the Female et D.O.A. (autre compte à rebours fatal mais personnel) sont quelques uns des polars sortis cette année.
2. contre l'avis de l'inspecteur Tom Warren, partisan de l'information du public par voie de presse susceptible de provoquer la fuite des coupables et la propagation de l'épidémie.
2. la peste, représentation symbolique du communisme.






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