vendredi 27 mars 2015

Il mio nome è Nessuno (mon nom est personne)

******
"Tu crede ancora alle favole, vero ?"

Le western a-t-il, au cours des années 1970, encore quelque chose à nous raconter ? Au début de cette décennie,  a achevé son formidable cycle de cinq films du genre avec le déton(n)ant Giù la testa. C'est lui qui lance l'idée de ce Il mio nome è Nessuno, attrapée au vol par , son collaborateur sur les deux premiers volets de la "Trilogie du dollar". Le natif des Abruzzes, qui avait débuté sa carrière de réalisateur avec trois westerns et venait de diriger ,  et  dans l'assez quelconque Una Ragione per vivere e una per morire, trouvait ainsi l'opportunité d'associer son nom à une production plus significative.
Mais revenons à la question initiale. Aux Etats-Unis comme en Italie, le western a perdu ses principaux repères fondateurs. Soldier Blue et Little Big Man ont contribué à inverser le point de vue traditionnel, Jeremiah Johnson a opéré un retour solitaire à la nature. Au sud des Alpes, ce sont (paradoxalement ?) le comique ou la violence explicite qui servent de matériaux privilégiés aux scénarii. En 1973, Clint Eastwood réalise son deuxième film, High Plains Drifter, dans lequel son personnage anonyme ('The Stranger') estompe délibérément la ligne de séparation entre le bien et le mal. Au même moment, le projet de  développé par Fulvio Morsella* et Ernesto Gastaldi fait de la narration elle-même le sujet d'Il mio nome è Nessuno. Ainsi, le jeune, talentueux et fantasque 'Nessuno' (désignation "ulyssienne" pleine de fausse humilité dont les dialogues se servent copieusement) s'évertue-t-il à faire entrer dans l'histoire son héros d'enfance, le tireur émérite Jack Beauregard... qui a des préoccupations plus concrètes et n'en demande pas tant.
Déstructuré, parfois loufoque, Il mio nome è Nessuno réjouit néanmoins le cinéphile ne se laissant pas aisément rebuter par un récit un peu excentrique, aux enjeux volontiers flous. Le film semble d'ailleurs puiser son inspiration dans l'imaginaire infantile et le dessin animé. Une tonalité formidablement appuyée par les compositions allusives et parodiques d'Ennio Morricone, parmi les plus inventives, mémorables du génial musicien. Le véritable tour de force des promoteurs de cette fable aura enfin été de convaincre l'excellent  (interprète du cruel Frank de C'era una volta il West) d'y participer dans un face à face contrasté avec , titulaire du rôle-titre dans le récent diptyque  Trinità.
___
*le beau-frère de , co-scénariste de Per qualche dollaro in più, encadrait également cette co-production germano-franco-italienne.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire