mercredi 25 mars 2015

Les Yeux sans visage

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"Un cobaye humain, quelle aubaine pour lui."

Auteur d'une série de courts métrages documentaires et co-fondateur, avec Henri Langlois, de la Cinémathèque française en septembre 1936,  aurait-il alors imaginé subsister dans la mémoire des cinéphiles comme l'un des pionniers du film horrifique hexagonal1 d'Après-guerre ? Les Yeux sans visage a en effet, outre impressionné plusieurs générations d'amateurs de genres, constitué une œuvre significative dans l'histoire du cinéma de cette époque et au-delà. Ce deuxième long métrage réalisé par 2 possède aussi la particularité d'être la seule adaptation signée par le réputé duo d'écrivains Pierre Boileau-Thomas Narcejac3 à partir du roman d'un tiers (l'unique édité par Jean Redon).
Drame tendu par les ressorts du remords paternel, de l'ambitieuse (sacrificielle) expérimentation scientifique mais aussi de la claustration, Les Yeux sans visage demeure une tentative assez singulière dans la production cinématographique nationale. Le scénario semble cependant rester en deçà du potentiel narratif du récit ; une évidente rigidité formelle et de fréquentes longueurs participent également à l'affaiblir. Les atmosphères créées par  et l'Allemand  Eugen Schüfftan (ancien chef-op. de Fritz Lang puis de Marcel Carné avant de rejoindre les Etats-Unis en 1940) n'ont pas la force suggestive de certaines productions anglo-saxonnes contemporaines. Le film possède toutefois un indéfinissable, paradoxal pouvoir de fascination morbide et poétique, en grande partie grâce à l'interprétation quasi mimodramatique de la gracile, délicate , encadrée par les austères  (pour la première fois à l'écran avec son fils ) et .

N.B. : Gritos en la noche (1962) et Faceless (1987) de l'Espagnol  ou encore Corruption (1968) du Britannique  ont été explicitement influencés par Les Yeux sans visage.
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1. il s'agit, en l'occurrence, d'une production franco-italienne conduite par Jules Borkon (avec lequel Jean-Paul Le Chanois et Yves Robert ont notamment collaboré).  avait, pour mémoire, porté  à l'écran en 1928.
2. après l'adaptation, plus classique, du roman d' La Tête contre les murs.
3. avec la contribution de Claude Sautet (également premier assistant-réalisateur) et les dialogues de Pierre GascarBoileau-Narcejac signeront l'année suivante le scénario du drame crimino-successoral Pleins feux sur l'assassin.






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