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"But Daisy didn't worry."
Pour son troisième long métrage, Alfred Hitchcock jette son dévolu sur un roman1 à succès dont il a vu une adaptation au théâtre. Produit par Michael Balcon et Carlyle Blackwell2, tourné dans les studios londoniens d'Islington, The Lodger: A Story of the London Fog propose donc un récit dramatico-sentimental largement influencé par la série d'assassinats attribuée en 1888 à 'Jack the Ripper'. L'objectif essentiel du scénario signé par Eliot Stannard (et Hitchcock, non crédité) consiste à jouer sur la possible confusion entre l'épouvantable meurtrier nocturne (auto-baptisé 'The Avenger') de sept3 jeunes femmes blondes et le jeune et mystérieux nouveau locataire de la famille Bunting. Un quiproquo d'autant plus inquiétant et scabreux que la plaisante fille du vieux couple de propriétaire est non seulement blonde... mais aussi fiancée à un inspecteur de police.
Difficile de déceler vraiment dans ce film la fameuse "patte Hitchcock" sur laquelle s'est en grande partie fondée la phénoménale renommée du cinéaste anglo-étasunien. The Lodger... manque en particulier de profondeur, de subtilité pour tenter d'impressionner autant que le saisissant M (un peu postérieur et parlant) de Fritz Lang. La réalisation fait, en revanche, déjà preuve (compte tenu de l'époque et des moyens) d'un certain goût pour l'invention et d'une réelle maitrise. Grande vedette depuis le début des années 1920 (il avait notamment tourné avec D.W. Griffith), Ivor Novello, s'il ne peut exercer ses talents de chanteur, utilise à bon escient son muet pouvoir de séduction et sa mélancolique expressivité. La persistance du souvenir de l'acteur doit d'ailleurs beaucoup à ce rôle-titre. Hitchcock dirigera une seconde fois l'acteur gallois dans Downhill, sorti quelques mois plus tard. Le soutien apporté par ses partenaires (June, née June Howard Tripp, dans son troisième et pénultième film, Marie Ault4, Arthur Chesney et Malcolm Keen5) ne souffre enfin pas de critique sérieuse.
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1. écrit par l'auteur franco-britannique Marie Belloc Lowndes en 1913 à partir de sa nouvelle publiée dans un magazine (janvier 1911). "The Lodger" inspira la comédie dramatique "Who Is He?" montée en 1916 par le dramaturge Horace Annesley Vachell au Haymarket Theatre avec Howard Ainley dans le rôle principal. L'ouvrage est également à l'origine d'une version parlante, The Lodger (1932) de Maurice Elvey (réalisation déclinée par Hitchcock) avec Ivor Novello, de The Lodger (U.S. - 1944) de John Brahm, de Man in the Attic (U.S. - 1953) d'Hugo Fregonese avec Jack Palance dans le rôle de Mr. Slade, de Der Mieter (téléfilm ouest-allemand de 1967) de Wolf Dietrich et enfin de The Lodger (U.S. - 2009) de David Ondaatje avec Alfred Molina.
2. également acteur et réalisateur.
3. décompte au début du métrage.
4. que l'on aperçoit également chez Hitchcock dans Jamaica Inn.
5. déjà titulaire du rôle de l'ermite John 'Fear o' God' Fulton dans le drame romantique The Mountain Eagle.
Difficile de déceler vraiment dans ce film la fameuse "patte Hitchcock" sur laquelle s'est en grande partie fondée la phénoménale renommée du cinéaste anglo-étasunien. The Lodger... manque en particulier de profondeur, de subtilité pour tenter d'impressionner autant que le saisissant M (un peu postérieur et parlant) de Fritz Lang. La réalisation fait, en revanche, déjà preuve (compte tenu de l'époque et des moyens) d'un certain goût pour l'invention et d'une réelle maitrise. Grande vedette depuis le début des années 1920 (il avait notamment tourné avec D.W. Griffith), Ivor Novello, s'il ne peut exercer ses talents de chanteur, utilise à bon escient son muet pouvoir de séduction et sa mélancolique expressivité. La persistance du souvenir de l'acteur doit d'ailleurs beaucoup à ce rôle-titre. Hitchcock dirigera une seconde fois l'acteur gallois dans Downhill, sorti quelques mois plus tard. Le soutien apporté par ses partenaires (June, née June Howard Tripp, dans son troisième et pénultième film, Marie Ault4, Arthur Chesney et Malcolm Keen5) ne souffre enfin pas de critique sérieuse.
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1. écrit par l'auteur franco-britannique Marie Belloc Lowndes en 1913 à partir de sa nouvelle publiée dans un magazine (janvier 1911). "The Lodger" inspira la comédie dramatique "Who Is He?" montée en 1916 par le dramaturge Horace Annesley Vachell au Haymarket Theatre avec Howard Ainley dans le rôle principal. L'ouvrage est également à l'origine d'une version parlante, The Lodger (1932) de Maurice Elvey (réalisation déclinée par Hitchcock) avec Ivor Novello, de The Lodger (U.S. - 1944) de John Brahm, de Man in the Attic (U.S. - 1953) d'Hugo Fregonese avec Jack Palance dans le rôle de Mr. Slade, de Der Mieter (téléfilm ouest-allemand de 1967) de Wolf Dietrich et enfin de The Lodger (U.S. - 2009) de David Ondaatje avec Alfred Molina.
2. également acteur et réalisateur.
3. décompte au début du métrage.
4. que l'on aperçoit également chez Hitchcock dans Jamaica Inn.
5. déjà titulaire du rôle de l'ermite John 'Fear o' God' Fulton dans le drame romantique The Mountain Eagle.
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