mardi 18 mai 2010

L'Ultima preda del vampiro (des filles pour un vampire)


"Vous dites que vous m'avez attendue, et vous voulez en même temps que je m'en aille tout de suite..."

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Co-scénariste et assistant sur I Vampiri de Riccardo Freda sorti quatre ans auparavant, Piero Regnoli signe avec L'Ultima preda del vampiro une (cette fois véritable) histoire vaguement inspirée du mythe stokerien(1). Le renouveau du genre horrifique en Italie, à partir du milieu des années 1950, ne pouvait oublier d'explorer les ténèbres (à défaut de mettre en lumière !) dans lesquelles s'étaient illustrés les personnages interprétés par Max Schreck et Bela Lugosi. Outre-Manche, la Hammer et Terence Fisher venait de produire Dracula avec Christopher Lee(2) dans le rôle-titre. Proche dans la narration du Et mourir de plaisir de Roger Vadim, cette quatrième réalisation du cinéaste romain fonde également son attraction sur des reliefs charnels.
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Dans l'autocar conduit nuitamment par Fernand, Lucas expose à sa troupe de danseuses de cabaret, constituée de Catherine 'Cathie', Vera, Julia, Magda et Louison, sa nouvelle idée de spectacle. Alors qu'un orage éclate, le véhicule doit stopper, bloqué par un éboulement. Un inconnu leur conseille de faire demi-tour et de ne surtout pas emprunter la route qui conduit au château des Kernassy. Emballée à l'idée de recevoir gracieusement l'hospitalité des occupants de cette noble demeure, la petite équipe décide de braver cette absurde mise en garde mais trouve la grille close. Mue par une étrange impulsion, Vera parvient à l'ouvrir. Zoltan le gardien, Mme Ballash la gouvernante puis le comte Gabor Kernassy les incitent tour à tour à quitter l'endroit. Mais lorsqu'il voit Vera, celui-ci revient sur son refus de principe et leur offre le couvert et le gîte. Le comte les intime cependant de rester cloîtré dans leur chambre jusqu'au lever du jour. A peine couchée, Vera croit apercevoir quelqu'un derrière sa fenêtre. Le comte, venu l'observer, lui affirme que ce n'est que pour elle qu'il a accepté d'héberger ses compagnons et l'interroge sur ses origines familiales. De retour dans sa chambre, Vera est rejointe par Cathie qui lui emprunte son manteau avant d'aller prendre une douche. La belle idiote en profite pour arpenter le dédale de salles, escaliers et couloirs de l'imposante bâtisse. Son cadavre est retrouvé le lendemain matin dans le parc, plausiblement victime d'une chute. La crue du fleuve ayant emporté le seul pont donnant accès au château, les spontanés convives sont contraints d'y rester.
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A l'époque où les livraisons alimentaires à domicile était bien moins fréquentes qu'aujourd'hui, Piero Regnoli composait et délivrait un avant-gardiste menu de choix pour vampires assoiffés. L'Ultima preda del vampiro ne vise évidemment pas à entrer en concurrence avec les pièces maîtresses de Murnau ou de Browning. Malgré quelques maladresses, le film réussit pourtant à créer, au cours de sa première partie, un climat de mystère et de menace. La narration se délite cependant un peu ensuite, perdant en vigueur et tensions suggestives. A ce titre, et puisque l'érotisme constitue l'un des ingrédients essentiels du film de vampires, l'ancien membre du jury des Mostra 1949 et 1954 n'hésite pas à tirer profit de l'avantageuse plastique de cinq de ses six actrices en les faisant régulièrement poser ou déambuler en nuisette ou sous-vêtements(3). Dans sa pénultième apparition au cinéma, la Triestina Lyla Rocco, une des partenaires de Michel Auclair dans Bonnes à tuer, manque un peu de conviction. Ce dont ne souffre pas Alfredo Rizzo, natif de Nice aperçu dans Roman Holiday et futur second rôle de La Strage dei vampiri dans lequel il retrouvera le Pergolesi Walter Brandi.
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1. dont Georges Méliès (Le Manoir du diable) puis Alice Guy furent les premiers adaptateurs. L'auteur dublinois avait toutefois été précédé sur le thème du vampirisme par l'Italo-britannique John William Polidori et par son compatriote Sheridan Le Fanu.
2. bientôt dirigé par Camillo Mastrocinque dans La Cripta e l'incubo.
3. voire à recourir au strip-tease de l'une d'entre elles... non intégral, interdiction au moins de douze ans oblige !

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