vendredi 21 mai 2010

Brothers


"... No, I mean, nobody understands."

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Lorsque ce projet de remake a été annoncé, en septembre 2007, un souvenir m'est revenu à l'esprit. Trente ans auparavant, le Britannique John Schlesinger, sollicité par Jane Fonda pour la diriger dans Coming Home avait décliné la proposition, arguant qu'un tel sujet devait être traité par un réalisateur étasunien. Dublinois de naissance (et de cœur), Jim Sheridan résout cette inférence pour au moins deux raisons. D'abord parce qu'il réside aux Etats-Unis depuis 1982, soit près de vingt ans avant le déclenchement de l'Operation Enduring Freedom. Ensuite, des troupes du Royaume-Uni et du Danemark, pays de Susanne Bier auteur en compagnie d'Anders Thomas Jensen de l'original, participent à la Force Internationale d'Assistance et de Sécurité en Afghanistan. Sans oblitérer de nos mémoires les fortes impressions laissées par Brødre, Brothers, porté par un inédit et efficace trio d'acteurs, reste fidèle à sa narration tout en modifiant sensiblement le registre dramatique.
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7 octobre 2007. Quatre jours avant d'être renvoyé en Afghanistan, le capitaine Sam Cahill rédige une lettre destinée à son épouse Grace s'il venait à disparaître. Une étroite et tendre relation unit le jeune couple et la petite famille également composée de leurs deux fillettes, Isabelle 'Izzy' et Maggie. L'aînée a cependant du mal à dissimuler sa tristesse et sa frustration de voir son père les abandonner une nouvelle fois. Avant son départ, Sam doit aller chercher son cadet Tommy, libéré sous condition d'une peine de prison pour un vol dans une banque. Au cours du dîner de retrouvailles, Hank Cahill ne peut s'empêcher de comparer ses deux fils et de critiquer Tommy. Le 12 octobre, l'hélicoptère transportant Sam et ses hommes est abattu par un tir ennemi. Effondrée par l'annonce du décès de son mari, Grace assiste aux funérailles militaires au terme desquelles Tommy et Hank s'opposent à nouveau. Elle hésite à lire la lettre posthume laissée à son intention par Sam. Dans le même temps, ce dernier et le soldat Joe Willis se retrouvent prisonniers de quelques hommes de la guérilla afghane. Aidé à contre-cœur puis hébergé provisoirement par Grace, Tommy décide sans la consulter de rénover la vieille et incommode cuisine de la maison.
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Spontanément intéressé par la dynamique (aussi au sens mécanique du terme) familiale, Jim Sheridan trouve dans ce récit triangulaire une matière privilégiée pour exercer son incontesté talent de raconteur d'histoires. La trajectoire antisymétrique de ces deux frères, que tout (tous) oppose(nt) à l'exception de leur naturelle complicité, est adroitement bien tracée. Natalie Portman, Sam Shepard et l'étonnante jeune Bailee Madison (Maybelle dans Bridge to Terabithia) intervenant dans ce système de représentation comme autant de repères normés. Si la reconnaissance (dans toutes ses acceptions) et le pardon y occupent une place essentielle, l'obsession par la transgression (quasi morbide, irrationnelle, presque incompréhensible pour le spectateur) du personnage central, élément révélateur et symbolique de son propre crime, est particulièrement bien élaborée par le scénario et interprétée par Tobey Maguire (absent des écrans depuis Spider-Man 3 et auquel un "Golden Globes" aurait dû échoir sans l'exceptionnelle prestation de Jeff Bridges dans Crazy Heart).

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