mardi 2 mars 2010

Paisito


"... Tu pourrais marquer contre ton camp."

 - film - 58795_2
A l'ombre de celles qui ont sévit à la même époque dans les autres pays du Cono sur (Argentine, Chili), la dictature militaire uruguayenne et la répression qu'elle a diligentée sont pourtant cataloguées par les annales parmi les plus redoutables du sous-continent américain. Si les premières ont régulièrement donné matière à des films, documentaires ou de fiction*, Paisito vient bien utilement apporter sa pierre à l'édifice (comme l'avait fait avant lui le O ano em que meus pais saíram de férias du Brésilien Cao Hamburger), celui de la tragique illustration de ce coïncidant, effrayant et funeste panorama. Dans son premier scénario porté à l'écran, le local Ricardo Fernández Blanco fait à la fois appel à sa mémoire des événements et rend un hommage filial.
 - film - 58795_13
Joueur de football réputé en Espagne, Javier 'Xavi' vient conclure sa carrière dans un petit club de son Uruguay natal. Rosana, une très proche amie d'enfance qu'il n'a pas revue depuis vingt ans, se manifeste bientôt et ils évoquent ensemble de tendres mais aussi douloureux souvenirs. En 1973 à Montevideo, le garçon alors âgé de onze ans avait accompagné Roberto Severgnini, le père de Rosana, à un match de football de l'équipe national pendant que la fillette était allée voir, avec sa mère Ana et un couple d'amis de celle-ci, Le Livre de la jungle au cinéma. De retour chez lui, Severgnini, le préfet de police de la capitale, avait tenté d'apaiser les inquiétudes de son voisin Manuel 'el Español', le père de Xavi et cordonnier de profession, sur les raisons d'un important rassemblement de soldats aperçu par ce dernier à proximité de son lieu de chasse. Peu après, à l'occasion d'une visite de courtoisie rendue au colonel parrain de sa fille, Servergnini avait été encouragé à soutenir plus ouvertement le régime dans sa lutte contre la guérilla des Tupamaros. A la suite d'une spectaculaire opération de ratissage par des militaires dans la demeure de présumés activistes, Rosana et de Xavi étaient envoyés par leurs parents à la campagne.
 - film - 58795_14
Quinze ans après la production franco-suisse Les Yeux des oiseaux du Hongrois Gabriel Auer, la quatrième œuvre de fiction de la Navarraise (formée à México) Ana Díez explore, à travers un prisme intime, les prémices du coup d'état de juin 1973. Narrée en longs flash-back, cette histoire d'amour enfantine, interrompue brutalement par la séparation et l'exil, sert surtout de point de fixation aux multiples tensions que suscite une situation politique sur le fil du rasoir. La nécessité d'un choix partisan clair (afin d'éviter d'être pris entre le marteau et l'enclume) et le recours à la trahison y sont notamment décrits avec une certaine force. Si la structure du film et la réalisation académique déçoivent un peu, Paisito rend assez bien cette atmosphère de suspension oppressante qui précède les grandes tempêtes naturelles et humaines. Remarqué dans El Amateur tiré de son propre roman, l'Argentin Mauricio Dayub fait preuve d'une belle sobriété de ton aux côtés du Castillan Emilio Gutiérrez Caba (El Cielo abierto).
___

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire