mardi 2 mars 2010

Devil in Miss Jones


"I can't do it by myself."

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Après avoir multiplié les métiers(1), Gerard Rocco Damiano entre un peu par hasard à quarante ans dans ceux du cinéma. D'abord comme producteur, presque malgré lui, d'un indigent film d'horreur. En 1969, il réalise (monte et tient un petit rôle dans) son premier drame pour adultes. Trois ans plus tard, il tourne (avec un budget d'un peu plus de vingt mille dollars) Deep Throat dont il a signé le scénario. Grâce à ce véritable phénomène "culturel", succès sans précédent dans l'industrie cinématographique US, Damiano connaît une notoriété inusitée dans le milieu pornographique, le genre voyant du même coup son audience se diversifier et s'élargir. Succédant à Meatball, lui aussi médical mais à base d'aphrodisiaque suédois, Devil in Miss Jones (sans lien génétique avec la comédie de Sam Wood avec Jean Arthur) inventait la figure inversée du purgatoire.
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Dans son bain, Justine Jones s'ouvre les veines à l'aide d'une lame de rasoir. Reçue par M. Abaca pour ce qu'elle croit être un entretien d'embauche, la jeune femme, encore vierge et au parcours jusque-là sans reproche, apprend sa condamnation à l'enfer à cause de son suicide. Elle confesse à son interlocuteur regretter de ne pas devoir cette sentence à la luxure. Conciliant, celui-ci lui donne alors un peu de temps pour expérimenter cette voie de perdition. Confiée à un professeur chargé de lever ses inhibitions, Miss Jones développe rapidement une insatiable dépendance au plaisir.
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S'il partage avec les films précédents le thème de l'apprentissage (absence, découverte puis recherche frénétique) du plaisir, Devil in Miss Jones rompt radicalement avec leurs frivolité et salacité humoristique. Plus proche dans sa tonalité du fantasmatique Behind the Green Door sorti quelques mois plus tôt, il privilégie en effet les aspects dramatiques et psychologiques de cette histoire post-mortem (parfois audacieusement mise en parallèle avec le "Huis clos" de Sartre). Ici, l'enfer n'est pas les autres mais le désir sans jouissance. Recrutée par la production pour des tâches secondaires, la quasi débutante à trente-six ans Georgina Spelvin incarne à elle seule le film(2). A défaut de réaliser ses rêves de cantatrice d'opéra ou de ballerine, la Texane est instantanément devenue l'une des principales divas du "porno chic" aux côtés de Linda Lovelace et de Marilyn Chambers. Titulaire entre 1976 et 1981 de six "Adult Film Association of America Awards", elle reprendra l'année suivante son rôle, avec Robert Kerman, Samantha Fox et Ron Jeremy comme partenaires, dans la première des six suites ou nouvelle version apportées à Devil in Miss Jones peu avant de mettre un terme à cette partie de sa carrière (Georgina Spelvin apparaît notamment en prostituée dans les épisodes 1 et 3 de la franchise Police Academy).
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1. cireur de chaussures et employé d'un fast food en distribution automatique avant de passer quatre ans dans la marine du guerre US puis technicien rayon X (déjà !) dans un hôpital du Queens et co-fondateur d'un salon de beauté.
2. qui, au passage, n'hésite pas à détourner des extraits de bandes originales, dont celle de C'era una volta il West.



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