lundi 15 mars 2010

Halloween II


"... Freaks always find their way home."

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Remake à la fois déférent et critique vis-à-vis de l'original, Halloween avait convaincu quelques uns des fans du film de Carpenter tout en attirant un public plus jeune, souvent friand de gore. Pour accepter de tourner cette suite(1) Rob Zombie avait fixé ses conditions : disposer d'une liberté accrue, en premier lieu narrative. L'amateur de metal music (et propriétaire du label "Zombie A Go Go") en a, de toute évidence, largement profité. Premier paradoxe, le bât allégé n'en blesse que davantage. Seconde aporie, le volet portant le même matricule, dirigé vingt-huit ans auparavant par Rick Rosenthal(2), ne redoute pas la confrontation avec cette dixième production du cycl(othymiqu)e. Contrairement au précédent, Halloween II n'a pas connu d'exploitation en salles françaises(3), une absence symptomatique à peine soulagée par une sélection hors-compétition au récent 17e Festival de Géradmer.
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Une jeune femme blessée, en état de choc erre dans la nuit un revolver à la main, bientôt rejointe par une voiture de police. Le shérif Brackett vient porter assistance et réconforter Laurie Strode, emmenée avec Annie Brackett à l'hôpital. Réputé mort, Michael Myers est lui convoyé vers la morgue. Sur la route, le véhicule percute très violemment un bovidé. De l'arrière s'extrait alors la présumée victime de Laurie qui décapite le passager rescapé de l'accident avant de se diriger vers la vision lumineuse d'une femme accompagnée d'un cheval blanc. Après avoir essayé de parler avec Annie, encore inconsciente, Laurie étourdie réclame l'aide de l'infirmière qui l'a surprise et vient de la quitter. Lorsqu'elle apparaît enfin, elle porte au poitrail une blessure sanguinolente, suivie par Myers qui l'achève puis prend Laurie en chasse. La jeune femme trouve un refuge précaire dans le pavillon extérieur du gardien de nuit, lequel succombe lui aussi aux coups de hache du tueur qui servent ensuite à détruire les murs de la pièce. Laurie, traumatisée, sort à ce moment précis de son cauchemar. Nous sommes le 29 octobre de l'année suivant la mort et la disparition du corps de Myers ; Laurie vit désormais chez les Brackett. De son côté, Samuel Loomis débute sa campagne de promotion du nouvel ouvrage qu'il a écrit sur son ancien patient.
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"... Besides, bad taste is the petrol that drives the American dream." L'inverse n'étant évidemment pas vérifié, Rob Zombie nous convie à partager un cauchemar psychotique à l'âcreté patente. Certains indices dans Halloween laissaient penser que le réalisateur avait refoulé, au moins en partie, sa nature. Cela ne fait plus aucun doute au visionnage de cette suite que n'a pas souhaité cautionner Carpenter (invité par son cadet à faire une apparition). Mécanique, le scénario d'Halloween II ne tente d'échapper à son vagabondage narratif qu'en faisant appel à un semblant de surnaturel. Lorsqu'il n'oppose pas, de manière caricaturale, marginaux et affairistes de son pays, Zombie semble d'ailleurs vouloir pousser à l'extrême la logique du slasher, la taillade ou le découpage (un "art" auquel n'avait pas songé Boris Vian, auteur des "Joyeux bouchers" !). Pour, au final, nous livrer une espèce d'extrapolation "dégénérée" de son Devil's Rejects. Un héritage au choix incommode ou aisé pour son successeur, l'ancien monteur Patrick Lussier (My Bloody Valentine) sensé faire revivre Myers lors de prochaines festivités automnales(4).
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1. ou éviter qu'elle ne soit confiée à un autre réalisateur.
2. auquel on doit aussi, hélas, Halloween: Resurrection.
3. avec un budget en retrait d'un quart (15M$), le film n'a enregistré qu'un peu plus de 33M$ de recettes (58M$ pour le précédent) auxquels ne s'ajoutent que 5M$ (contre près de 22M$) à l'international.
4. dont l'organisation a été repoussée sine die, en septembre dernier, par les producteurs.

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