mercredi 3 mars 2010

Divorzio all'italiana (divorce à l'italienne)


"Refuser une tête de poisson ! Rien à dire, çà, c'est un progrès décisif !"

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Dans la famille cinématographique "... à l'italienne"(1), le Divorzio... de Pietro Germi fait souvent figure de clef de voûte. Probablement en partie en raison du succès rencontré aux Etats-Unis, symbolisé par ses trois nominations aux Academy Awards 1963 et l'attribution d'un "Oscar" (celui du meilleur scénario original). Une première, pour l'heure sans suite, dans l'histoire du Septième art transalpin(2). Signée à trois (quatre avec celle d'Agenore Incrocci non crédité au générique) mains, cette histoire tant louée constitue l'ultime collaboration de Germi avec Ennio De Concini, la pénultième avec Alfredo Giannetti. Quatrième réalisation candidate à une "Palme d'or", ce troisième et dernier film du cinéaste produit par Franco Cristaldi succéda à Policarpo, ufficiale di scrittura pour le sporadique titre de "meilleure comédie" au palmarès de la quinzième édition du festival.
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Dans le train qui le ramène à Agramonte, Ferdinando 'Fefe' Cefalù se remémore les événements qui l'ont éloigné de chez lui et des siens. Le fils du dissipateur baron Don Gaetano et le mari depuis douze ans de Rosalia s'était alors épris de sa cousine Angela, âgée de seize ans. Pensionnaire au lycée de Catane, la jeune femme venait passer ses vacances chez son père 'Don' Calogero, le beau-frère et créancier de Gaetano contraint de lui céder une partie du palais familial. La nuit venue, Ferdinando avait pris l'habitude d'observer Angela depuis la fenêtre de la salle d'eau. De plus en plus lassé de sa relation conjugale, il en était venu à désirer la mort de l'attentionnée Rosalia. Puis, lorsqu'il avait su être aimé en retour, prenant bientôt la défense d'Angela soupçonnée par son père d'avoir été déflorée et renvoyée pour ce motif à Catane, Ferdinando avait sérieusement envisagé de se débarrasser de son épouse. Inspiré par le procès de la meurtrière par honneur Marianninna T., il avait décidé de tuer sa femme infidèle... après lui avoir, non sans difficulté, trouvé un amant.
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Plus percutant dans la satire qu'il formule mais moins novateur dans la construction que Signore & signori qu'il précède, Divorzio all'italiana démonte avec humour et minutie l'absurde mécanisme de l'indissolubilité du mariage (jusqu'à ce que mort s'ensuive). Les différentes strates (aristocrates, bourgeois et parvenus) de "l'honorable" (synonyme, au choix, de déloyale, insincère, fallacieuse ou insidieuse) société italienne de la fin des années 1950, digne héritière de l'illustre civilisation latine, y sont copieusement et confraternellement assaisonnées. Tournée dans la petite localité d'Ispica, à l'extrême Sud de la Sicile, cette comédie assassine, sans doute inspirée du roman de Giovanni Arpino "Un Delitto d'onore" (1960), n'épargne que les sans-grades (la domestique Sisina) ou les malheureuses victimes mises en accusation par un système insensé. Difficile d'exister aux côtés d'un Marcello Mastroianni qui, s'il mérite indiscutablement les récompenses obtenues(3), accapare l'écran malgré le caractère essentiel du collectif. La locale Daniela Rocca, surtout titulaire jusque-là de seconds rôles dans des peplums, et le Calabrais Leopoldo Trieste (I Vitelloni) que l'on reverra dans Sedotta e abbandonata, en font un peu les frais.
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1. composée (en v.f.) de Meurtre à l'italienne (1959), Mariage à l'italienne (1964), A l'italienne ! (1965), Fantômes à l'italienne (1968), Caprice à l'italienne (1968), Miracle à l'italienne (1971), Rapt à l'italienne (1973), Enquête à l'italienne (1978) dont trois également avec Mastroianni auxquels on peut ajouter le tardif Leçons d'amour à l'italienne (2006) et les anglo-saxons L'Amour à l'italienne (1962) et Braquage à l'italienne.
2. tous nommés, aucun d'entre Roberto Rossellini, Federico Fellini, Luchino Visconti et Michelangelo Antonioni n'a reçu d'"Oscar" pour un film sélectionné en dehors de la catégorie "meilleure production étrangère". Seule exception : The Last Emperor de Bernardo Bertolucci en 1988 ; mais s'agit-il d'une œuvre authentiquement italienne ?
3. "Nastro d'argento" 1962, "Golden Globes" 1963 et BAFTA du meilleur acteur étranger 1964.




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