mercredi 17 décembre 2008

Jodhaa Akbar


"... Appréciez le monde des Moghols. Mais ne cherchez pas en faire partie."

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Après deux polars* assez moyens, l'acteur reconverti en réalisateur Ashutosh Gowariker décidait de changer de registre et se lançait, non sans initiales difficultés, dans la production de récits plus ambitieux. Sans trop affaiblir les impératifs de divertissement caractéristiques du nouveau cinéma indien, Lagaan (nommé aux Academy Awards 2002) puis Swades tentaient de développer, sur des modes spécifiques, des considérations sociales et politiques inhabituelles depuis la disparition de Satyajit Ray, l'un des trois plus grands cinéastes de l'ex-Hindoustan. Avec Jodhaa Akbar, très apprécié à São Paulo, l'intrigue amoureuse et historique reprend nettement le pas sur le déclaratif tout en abandonnant résolument, avec un talent évident, la sobriété artistique des précédents films. Une orientation plus commerciale, étayée par le choix des vedettes Aishwarya Rai et Hrithik Roshan qui avaient, deux ans plus tôt, partagé l'affiche du mumbayo-carioca Dhoom:2 de Sanjay Gadhvi.
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Troisième empereur moghol depuis l'âge de quatorze ans, le premier né en Hindoustan, Jalaluddin devenu adulte renonce aux méthodes violentes influencées par la régence de Bairam Khân pour soumettre les royaumes qu'il agrège à sa souveraineté. Pour éviter de meurtriers combats, l'empereur musulman accepte de conclure une alliance avec Bharmal, monarque rajpût d'Amber, en épousant sa fille Jodhaa, princesse de religion hindoue initialement promise à Ratan Singh d'Ajabgarh. Dotée d'une beauté incomparable mais aussi d'un fort caractère, la jeune femme soumet alors deux conditions qu'elle croit inacceptables pour son futur mari. Contre toute attente, Jalal y consent. Le glorieux conquérant n'a pourtant pas encore gagné le cœur de celle qui a désormais ravit le sien.
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Si la véracité historique de Jodhaa Akbar reste sujette à caution, il faut néanmoins lui reconnaître ses indéniables qualités récréatives. Cette relative légèreté narrative, l'enthousiasme, l'apparente spontanéité avec lesquels ces productions sont généralement réalisées constituent d'ailleurs l'un des attraits majeurs de Bollywood** qui, à sa manière, remplace aujourd'hui dans l'imaginaire collectif la comédie musicale de la grande période hollywoodienne. Spectaculaire, visuellement splendide, Jodhaa Akbar doit davantage être vu comme un très joli conte sentimental que comme une fresque épique aux véritables vertus didactiques. Le déséquilibre manifeste dans le scénario entre les parties romancées et politiques s'avère sur ce plan assez éloquent. Une fois son ambition redéfinie, Jodhaa Akbar mérite sans aucun doute de figurer, avec notamment Devdas ou Black de Sanjay Leela Bhansali, sur la liste des meilleurs films bollywoodiens internationaux.
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*dont le premier était très inspiré du Body Double de Brian De Palma.
**la capacité créatrice de ce cinéma, ici avec seulement 400M de roupies (soit 6,87M€), est tout bonnement incroyable !



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