"Nous nous hantons nous-mêmes."
Difficile de situer avec précision Nacho Cerdà parmi la génération de réalisateurs ibériques (presque tous Catalans !)
nés dans les années 1970 et attirés par le cinéma de genre, horrifique
en particulier. Un exercice d'autant plus difficile que son premier long
métrage se démarque assez sensiblement de ses courts, Aftermath et Genesis, réalisés près de dix ans auparavant. Co-production européenne(1) apparemment formatée pour le marché anglo-saxon(2), The Abandoned,
si elle déchaîne les fantômes, ne réussit pas vraiment à hanter les
esprits. Sélectionné l'année dernière en compétition au festival Fantastic'Arts, le film n'a en revanche pas été adopté par le public lors de sa sortie dans les salles françaises(2).
1966,
quelques part en Russie. Un camion-benne circule à vive allure sur une
route de terre pour finalement s'arrêter devant la maison d'une famille
de fermiers, attablée pour le déjeuner. Lorsque le père, sorti armé de
son fusil, ouvre la portière du véhicule, c'est pour constater le décès
de la conductrice et la présence de deux nourrissons en pleurs à ses
côtés. Quarante ans plus tard, la productrice de cinéma Marie M. Jones
arrive à Moscou en provenance de Los Angeles où elle vit. Née en
Russie, adoptée à la naissance, cette mère divorcée d'une adolescente
qui va bientôt fêter son quarante-deuxième anniversaire est à la
recherche de ses origines.
Un notaire nommé Micharine, auquel elle rend visite après l'avoir sollicité des Etats-Unis, lui annonce le décès de sa mère, Olga Kaïdanowsky. Il lui fait également signer l'acte d'héritage de la ferme familiale située dans une région reculée du pays. Seul un certain Anatoli a accepté de faire avec elle la dernière partie du chemin jusqu'à cet endroit baptisé "L'Ile" et craint par la population locale. Marie et son chauffeur arrivent à destination à la nuit tombée. Parti en reconnaissance, Anatoli disparaît bientôt. Munie d'une lampe-torche, Marie doit alors aller seule à la découverte de la demeure où elle a vu le jour.
"J'ai voulu donner au film un aspect quasi documentaire..." affirmait avec conviction Nacho Cerdà, interrogé à propos de The Abandoned.
Le cinéaste espagnol aurait-il une conception bien singulière du
réalisme ? Il semble plutôt qu'une certaine stylisation de la
réalisation, reposant en particulier sur un important travail de
post-production notamment sonore, soit la marque de ce premier long
métrage atmosphérique. De ce point de vue, The Abandoned ne manque d'ailleurs pas de qualités. Cerdà
sait installer des ambiances glauques mais pas toujours aussi
"carnassières" qu'il voudrait le laisser paraître. Le vrai handicap du
film, dont la contribution au genre apparaît somme toute assez modeste(3),
reste son scénario, laborieux et un peu poussif, ainsi que la
conséquence directe de cette insuffisance de contenu narratif, une
prestation sans relief ni réelles nuances des acteurs.
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1. même si la Bulgarie n'a adhéré à l'Union que le 1er janvier 2007.
2. le tiers de ses recettes a été réalisé au cours de ses quatorze
jours d'exploitation aux Etats-Unis. Sur la même durée, il a seulement
attiré un peu plus de vingt-sept mille spectateurs hexagonaux.
3. comme celles du Darkness de Jaume Balagueró et de La Monja de Luis De La Madrid produits également par les Fernández, ou les productions de Jaume Collet-Serra, voire du chilien Alejandro Amenábar. Nous attendons pour cela El Orfanato de Juan Antonio Bayona avec impatience !
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