"Nom d'un chien ! Changez cette sonnerie."
C'est en septembre 2003, au cours du Toronto Film Festival, que Theo van Gogh et Gijs van de Westelaken ont l'idée d'un remake anglophone d'lnterview.
Les deux hommes font en effet, après la première du film, l'objet de
plusieurs sollicitations de la part de producteurs nord-américains pour
céder leurs droits d'adaptation. Mais le provocateur arrière-petit-neveu
du célèbre peintre néerlandais nourrit alors un autre projet : devenir
un réalisateur reconnu aux Etats-Unis en tournant à New York. Et la
production d'une nouvelle version de son treizième long métrage semble
réunir de sérieux atouts pour lui offrir cette opportunité. Son
spectaculaire assassinat en novembre 2004 mettra un terme définitif à
cette ambition et en suspens le projet en question. Réactivé dix-huit
mois plus tard par van de Westelaken associé à Bruce Weiss, connu pour sa collaboration avec le cinéaste Hal Hartley, il devenait le premier volet d'une trilogie-hommage* à van Gogh confiée à des réalisateurs étroitement liés à New York. Présenté en première au Sundance Film Festival en janvier 2007, Interview était sélectionné à la 57e Berlinale dans la section "Panorama".
Après avoir rendu visite à son frère Robert, le journaliste politique et reporter international au "Newsworld" Pierre Peders doit interviewer, contre son gré, Katya, la vedette adulée de la populaire série romantique "City Girls". Lorsque la jeune femme arrive avec plus d'une heure de retard, le contact est d'autant plus glacial que Peders ne cache pas son désintérêt pour cet entretien et sa totale méconnaissance de "l'œuvre" de l'actrice. Katya
met très vite un terme à la rencontre et regagne son vaste loft situé à
proximité. Mais le conducteur du taxi dans lequel est monté Peders
se révèle être un fan de l'actrice. En interpelant celle-ci par la
fenêtre de son véhicule et en lui réclamant avec empressement un
sourire, il néglige de regarder devant lui et percute un camion de
déménagement arrêté dans la rue. Katya s'inquiète de l'état de Peders,
dont la tête a violemment heurté la vitre de séparation avec le
chauffeur. Elle propose alors au blessé de le conduire chez elle pour
lui prodiguer les premiers soins.
L'adaptation de Steve Buscemi et David Schechter,
malgré les quelques légères retouches apportées, demeure assez fidèle à
l'original. Plus romantique, voire romanesque, et paradoxalement
vraisemblable sur certains aspects, plus dynamique aussi, Interview apparaît cependant également un peu édulcoré, assurément moins audacieux et sombre (est-ce une surprise ?) que le film de Theo van Gogh. Entre indiscrétion et confession, vocation et réussite, cette recherche (dés)intéressée de points communs, de "cicatrices" rend pourtant bien la vision pessimiste des relations humaines qui prévalait dans lnterview. Tourné comme ce dernier avec trois caméras et des collaborateurs de van Gogh (le directeur de la photographie, les cadreurs et la scripte), le film de et avec l'éclectique Buscemi est l'occasion de redécouvrir l'ex-élève de la Lee Strasberg Institute de New York, Sienna Miller, surtout connue jusque là pour sa prestation dans Alfie. Celle qu'elle livre ici est en effet assez inattendue et plus que réjouissante.
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*composée également de Blind Date et de 1-900.
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