"Cheeeese !"
Après nous avoir appâtés avec trois courts métrages déjà "oscarisés", Nick Park, conforté par le succès de Chicken Run également cofinancé par DreamWorks, s'est enfin décidé à accorder à son célèbre duo en plasticine un format plus ambitieux. Avec les fondateurs du studio Aardman qu'il a rejoint en 1985, l'animateur du clip de Peter Gabriel, "Sledgehammer" (réalisé en 1986 par Stephen Johnson),
s'est donc attelé à ce véritable travail de titan. Cinq ans de
production, avec le recours pour la première fois aux effets spéciaux de
l'imagerie numérique, qui permettent à ce génial créateur de connaître
un joli succès public (15e du box-office français 2005 avec plus de deux millions d'entrées, faisant presque jeu égal avec Chicken Little de Disney) et de compléter cette année sa collection de trophées, avec notamment l'"Oscar" du meilleur film d'animation.
Comme
tous les ans depuis plus de cinq siècles, le fameux concours de légumes
géants doit bientôt se dérouler dans la tranquille petite agglomération
de Tottington, mettant sa population en émoi. Pour protéger leur chère
production agricole contre les rongeurs de tous poils, les habitants de
la ville ont chargé la société Anti-Pesto, animée par Wallace et Gromit,
de munir leurs serres et jardins d'un système sophistiqué de
surveillance relayé, le cas échant, par une intervention rapide du duo
en question. Et cela marche très bien, jusqu'au jour où, après une
collecte un peu trop importante de lapins dans le parc de la résidence
de Lady Campanula Tottington, il vient à l'idée de Wallace
de supprimer le goût pour les végétaux chez ces prolifiques lagomorphes
grâce à une de ses dernières inventions. L'expérience donne en effet
naissance à un monstre géant qui s'en prend alors massivement aux
potagers alentour.
Faut-il avoir gardé une âme d'enfant pour apprécier ce "premier film d'horreur végétarien"
selon l'expression de son auteur ? Probablement, mais les cinéphiles y
trouveront aussi matière à une authentique satisfaction, tant par
l'impressionnante qualité technique de cette animation réalisée en
stop-motion de manière artisanale, ne sacrifiant pas à la loi
hégémonique du 3D, que par les nombreuses références aux films de genre.
Ceux, bien sûr, fondés sur le mythe lycanthrope (ici lagothrope !) mais également et surtout The Fly ainsi que Frankenstein, Dr. Jeckyll et Mr. Hyde ou King Kong et au personnage central de certains romans de H. Rider Haggard. Sur le plan narratif, The Curse of the Were-Rabbit réussit sans problème le passage au long métrage, avec une intrigue intelligente, drôle et bien construite. Avec ce film, Nick Park
prouve magistralement que l'animation n'est pas, contrairement à l'idée
généralement reçue, l'apanage des américains ou des japonais et que
l'Europe y tient une place tout aussi essentielle.
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