jeudi 27 avril 2006

Je ne suis pas là pour être aimé


"... Parce qu'un jour le cœur va dire stop."

Après un Bleu des villes prometteur, primé à Deauville et dans lequel la co-scénariste Florence Vignon offrait une belle prestation d'actrice, on attendait le Rennais Stéphane Brizé au tournant. L'attente, qui a tout de même duré six ans, n'a pas été vaine. Je ne suis pas là pour être aimé, son second long métrage, est un film intelligent et sensible, mêlant harmonieusement humour et délicatesse. Comme le tango qui le rythme, le réalisateur a su trouver, notamment grâce à son couple d'acteurs inédit, une pertinent équilibre entre nostalgie et sensualité. Récompensé au Festival de San Sebastián par le "Prix du meilleur film du Cercle des scénaristes", le film a vu ses deux interprètes principaux ainsi que Georges Wilson sélectionnés aux "César".
Jean-Claude Delsart est huissier de justice à Angers. Quinquagénaire divorcé et un peu fatigué, il vient d'embaucher son fils Jean-Yves à l'étude. Chaque dimanche, il rend visite à son père acariâtre, auquel il a succédé, à l'hospice où il a été placé. Après une consultation chez un cardiologue lui conseillant de faire de l'exercice, il s'inscrit au cours de tango qu'il a déjà repéré en face de son bureau. Il y fait la connaissance de Françoise Rubion, conseillère d'orientation dans un lycée et qui se trouve être l'enfant surnommée 'Fanfan' que gardait autrefois la mère de Delsart. La jeune femme va bientôt épouser Thierry, un enseignant en congé pour écrire un roman. Mais entre les deux partenaires de danse naît une mutuelle attirance.
Produit par le duo à l'origine du Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout, Je ne suis pas là pour être aimé livre un intéressant portrait de caractère, celui d'un homme ayant étouffé ses sentiments et renoncé, à contre-cœur, à assumer ses choix. Il propose également une pertinente observation des relations entre générations. Infiniment plus subtil que le remake Shall We Dance auquel il peut aisément être rapproché, le film de Stéphane Brizé, qui rappelle aussi un peu Lost in Translation, s'appuie sur un scénario solide et sur une distribution de qualité. Le couple Patrick Chesnais et Anne Consigny, réunis pour la première fois à l'écran, fonctionne à merveille et chacun offre, dans un rôle principal, sa probable meilleure interprétation. Soulignons enfin la prestation du débutant Cyril Couton sur lequel repose l'essentiel de la dimension de comédie. 

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