lundi 17 avril 2006

Crash (collision)



"In L.A., nobody touches you. ... I think we miss that touch so much, that we crash into each other, just so we can feel something."

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Ce second film de l'ex-scénariste de télévision Paul Haggis peut être vu de deux façons. Soit comme une œuvre porteuse d'un message sociologique et politique (au sens étymologique du terme) et l'on risque d'être déçu. Soit comme une pure fiction cinématographique et Crash mérite d'incontestables louanges et les prix qui l'ont honoré depuis sa sortie. Alain Corneau ne s'y était pas trompé en lui accordant, en tant que président du jury, le "Grand prix" du Festival de Deauville dès le mois de septembre 2005. Seuls les (prétendus) cinéphiles blasés ont boudé le film sur des arguments fallacieux. Et le public, puisque seulement un demi-million de spectateurs français l'ont vu en salles.
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Trente-six heures en décembre à Los Angeles. Un commerçant iranien et sa fille achètent une arme pour protéger leur propriété. Deux jeunes Noirs braquent un couple, dont le mari, Rick Cabot, est le procureur général de la ville, pour voler leur véhicule. L'inspecteur Graham Waters arrive sur le lieu du meurtre d'un policier afro-américain par un agents des Stups. L'agent Jack Ryan, qui s'occupe de son père malade, et son coéquipier contrôlent sans ménagement un automobiliste Noir et sa femme. Le commerçant iranien fait appel à Daniel, un serrurier latino dont la petite fille est traumatisée par un coup de feu tiré à travers la fenêtre de sa chambre. Les destins de ces protagonistes se croiseront ou se recroiseront... davantage pour le pire que pour le meilleur.
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Jean-Paul Sartre se serait-il (encore une fois) trompé ? L'enfer, ce n'est pas les autres, mais notre regard sur les autres. Paul Haggis réussit à décrire avec minutie cette relation intime de ses personnages avec leurs propres démons. Prenant pour décor la ville symbole de cette dialectique, l'intelligent scénario de Crash, plus qu'au racisme primaire lui-même, s'intéresse au choc, au sein d'une société composite, entre apparence et réalité. Et, de ce point de vue, les événements du 11 septembre 2001, dont une allusion est faite au début du film, a surtout contribué à renforcer l'opacité des perceptions individuelles. Haggis ne livre pas une analyse rigoureuse du phénomène, préférant proposer une œuvre climatique (il neige sur L.A. !), grâce notamment à la belle photographie de James Muro, en parfaite osmose avec la musique éthérée et lancinante de Mark Isham. La fréquente évocation d'une parenté avec Short Cuts d'Altman, voire avec Magnolia, est d'ailleurs une bévue. Crash rappelle davantage 21 Grams du Mexicain Alejandro G. Iñárritu. Soulignons enfin les prestations de Matt Dillon que l'on avait pas vu aussi bon depuis fort longtemps, de Michael Pena et de la toute jeune Ashlyn Sanchez

Note relative au Director's Cut : cette version initiale, plus longue d'environ deux minutes, est celle présentée en première en ouverture du Festival de Toronto en septembre 2004. Elle comporte cinq courts dialogues ou répliques retirés des copies diffusées en salles.

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