mardi 28 septembre 2004

Le Cerf-volant


"Elle part sans retour, sinon... elle aura l'Oscar du 'passage'."


Troisième long métrage de fiction de la réalisatrice, Le Cerf-volant parle, comme les précédents, de la guerre. Mais, comme dans Civilisées, sur un ton léger et poétique. Randa Chabal Sabbag avait, avec celui-ci, participé à la renaissance du cinéma libanais à la fin des années 1990, dans le sillage de West Beyrouth de Ziad Doueiri, sélectionné à Cannes, ou Beyrouth fantôme de Ghassan Salhab. Avec ce dernier film, l'ancienne étudiante de l'ENS Louis Lumière fait montre d'une réelle intelligence de composition et d'une maîtrise affirmée dans la mise en scène. Le Cerf-volant a reçu le "Lion d'argent - Grand prix du jury" de la Mostra 2003.
Un village druze, à la frontière entre Israël et le Liban. Ou plutôt "sur" la frontière, coupé en deux par un réseau de mines et de barbelés. Lamia (Flavia Béchara), 16 ans, vit dans la partie libanaise. Elle est promise à Sami (Edmond Haddad), un cousin qui vit de l'autre côté et qu'elle ne connaît presque pas. Depuis son mirador, Youssef (Maher Bsaides), un jeune soldat druze israélien, la regarde et en tombe amoureux. Lamia passe, en robe de marié, du côté israélien. Mais le jeune couple, aux modes de vie très différents, ne s'aime pas. La jeune femme divorcée, malgré son souhait de rester sur place, est contrainte de repasser la frontière, au grand dam de son amoureux.
Le film est une histoire d'un amour impossible vue à travers le regard d'une femme. Autant dire que la gent féminine, et ce n'est pas une critique, est celle qui est la mieux traitée. Courage, vivacité en sont les qualités, humour aussi. Mère, tante, fille, soeur, cousine s'apostrophent d'une moitié de village à l'autre au mégaphone et à la jumelle, hurlant, dans une même phrase, insultes et messages d'amour de manière cocasse. Contemplatif, très photographique sur le plan visuel, Le Cerf-volant n'évite pas les maladresses ou les (fausses ?) naïvetés, utilisant volontiers des allégories démonstratives sur la condition de la femme ou la privation de liberté. Mais l'impression générale qu'il laisse est bonne, grâce notamment à la belle fraîcheur de son interprète principale et à la qualité de la bande musicale, incluant subtilement le "Le vent t'emportera" de Noir désir

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