lundi 23 août 2004

Spider-Man 2


"- May Parker : Tu ne devineras jamais qui il veut devenir... Spider-Man !
- Peter Parker : Pourquoi ?
- May Parker : Parce qu'il reconnaît un héros lorsqu'il en voit un."

Après le succès du premier épisode, tant en salles (plus de 800M$ de recettes) qu'en DVD, la tentation était grande de donner une suite aux aventures de l'homme-araignée. En réalité, Sam Raimi avait signé pour cette sequel en avril 2002, soit un mois avant la sortie de Spider-Man. Le danger de faire moins bien existait aussi, car la barre avait été placée haut. Spider-Man 2 tient ses promesses, même si l'on peut regretter les grandes libertés narratives prises par rapport aux comic books et la surenchère dans la violence (le film reste visible par les plus jeunes, mais c'est limite) compensée, il est vrai, par un humour plus fréquent. La série est toujours, jusqu'à présent, la meilleure adaptation d'un héros Marvel à l'écran. Pourvu que cela dure... mais n'anticipons pas.
Où en étions nous ?... Peter Parker, alias Spider-Man n'assume plus. Il doit travailler pour s'en sortir financièrement, mais est incapable de livrer des pizzas à l'autre bout de New York en sept minutes quinze secondes. Epuisé, il arrive en retard à l'université. Il ne prend plus de photos susceptibles d'intéresser J. Jonah Jameson, et, donc, ne parvient pas à aider tante May, en délicatesse avec sa banque. Enfin et surtout, il ne sait comment résoudre la quadrature du cercle avec Mary Jane Watson, c'est à dire, lui déclarer son amour sans lui dévoiler son identité cachée. D'autant qu'il l'indispose sérieusement en ne réussissant pas à assister à la pièce de théâtre dans laquelle elle joue, mobilisé par la capture des méchants à l'œuvre dans la ville. Pour terminer un exposé en souffrance sur la fusion, son ami Harry Osborn, qui nourrit toujours une haine vengeresse à l'égard de Spider-Man pour la mort de son père (voir opus 1), lui fait rencontrer le docteur Otto Octavius qui travaille pour lui et met la dernière main à une découverte révolutionnaire, la fusion ultime à base de tritium, source d'une énergie inépuisable. Peter Parker assiste même à la présentation du dispositif pour laquelle quatre tentacules manipulatrices sont "greffées" sur le chercheur.
Mais le processus s'emballe et Octavius perd le contrôle des appareillages. Sans l'intervention de Spider-Man, Osborn aurait été tué et la neutralisation des effets anarchiques de l'expérience moins aisée. Hospitalisé, Octavius est psychologiquement gagné par la puissance nouvelle que lui donnent ses nouveaux membres. Il s'enfuit après s'être débarrassé des médecins et avoir dévasté la salle d'opération. Réfugié dans un entrepôt abandonné sur le fleuve, il projette de renouveler l'expérience de fusion. Pour cela, il a besoin de fonds. Résolument passé du côté du mal, il attaque une banque et doit affronter Spider-Man. Il est désormais baptisé doctor Octopus par J.J. Jameson. Mais, malgré ce nouveau danger, et faisant fi de la responsabilité liée à ses aptitudes extraordinaires, notre héros "toilé", souffrant trop de sa duplicité (dualité ?) qui l'empêche de vivre normalement et d'aimer Mary Jane, laquelle a finalement accepté d'épouser l'astronaute John Jameson, le fils de l'éditeur, décide, un soir, de cesser d'être Spider-Man et jette son costume dans une poubelle urbaine.
Je n'ose imaginer ce qu'aurait été Spider-Man 2 sans Tobey Maguire. On sait que l'acteur, souffrant (réellement ou prétendument) du dos à la suite d'un précédent tournage (Seabiscuit)*, avait déclaré, dans un premier temps, forfait. Son remplaçant, Jake Gyllenhaal, était même désigné. Mais il faut, producteurs et spectateurs, nous faire une raison : Tobey Maguire EST Spider-Man ! Et probablement encore davantage après ce deuxième épisode. Débuté sans que le scénario soit définitivement achevé, le film est un peu heurté, manquant de fluidité au point d'en rendre parfois la lecture difficile. Si le doute et la tentation de tirer un trait sur Spider-Man est un thème récurrent dans la bande-dessinée de Stan Lee et Steve Ditko, jamais Peter Parker n'y avait été, comme dans le film, aussi maladroit et malchanceux. En outre, le héros accepte d'être vu par des inconnus, mais également par des proches, à visage découvert, ce qui est une novation considérable par rapport à l'œuvre originale. En revanche, le personnage du doctor Octopus est très réussi, remarquablement interprété par Alfred Molina qui lui donne un relief et un mystère inquiétant et ambigu qu'il ne possède pas dans le comic. D'une manière générale, le casting est bon, avec, pour les seconds rôles, une mention particulière pour J.K. Simmons et Rosemary Harris. Le film est truffé de clins d'œil et de références (nous essaierons, dans la mesure du possible, de les faire figurer en anecdotes). A titre d'exemple, une violoniste joue, de manière simpliste, à deux reprises, le vieux thème des feuilletons télévisés de Spider-Man. Le générique est intelligemment illustré de dessins d'Alex Ross destinés à nous rappeler les moments forts du premier épisode. Enfin, et c'est peut-être le plus surprenant, l'infographie a encore progressé et permet de faire évoluer le héros du film de manière plus réaliste et crédible. Il est maintenant acquis que nous aurons un Spider-Man 3, annoncé pour 2007. S'il ne fait presque pas de doute qu'il mettra à nouveau en scène le Bouffon vert, je formule le vœu qu'il soit renforcé par un autre vilain choisi parmi les nombreux ennemis** de l'homme-araignée. La présence de John Jameson et du professeur Curt Connors*** dans Spider-Man 2 est peut-être une indication.
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*Ted Raimi, le frère de Sam, est d'ailleurs l'auteur d'un clin d'œil dans le film à ce propos. Dans une scène, Peter Parker-Tobey Maguire essaie de sauter entre deux toits et fait une chute spectaculaire. En se relevant, il se plaint piteusement à deux reprises... de son dos.
**dans l'ordre d'apparition : le Caméléon, le Vautour, le Bricoleur, l'Homme-sable, dr Fatalis, le Lézard, le Cerveau vivant, Electro, les Exécuteurs, Mysterio, le Chasseur.
***les adeptes du comic book comprendront !

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