mercredi 18 août 2004

Claude Sautet ou la magie invisible


"... Il y a un plaisir de faire de la magie invisible ; qu'on ne puisse pas voir comment c'est tourné, ça n'a aucune importance."(Claude Sautet)


Initié en janvier 2000, le projet, qui allait devenir cet intéressant documentaire, est construit à partir d'une série d'entretiens, vingt heures étalées sur sept mois, avec Claude Sautet qui s'est interrompue avec le décès du réalisateur. N.T. Binh, l'un des deux co-auteurs du film, est un ancien journaliste de la revue "Positif" pour laquelle il avait, en 2001, consacré un important dossier au metteur en scène des Choses de la vie. Présenté en Sélection officielle, en séance spéciale hors-compétition, au Festival de Cannes en 2003, Claude Sautet ou la magie invisible est sorti en salles en début d'année, mais le public, pour ce genre de documents, n'est, traditionnellement, jamais très important. Gageons que le DVD devrait attirer les nombreux amateurs, toutes générations confondues, du cinéma intelligent et sensible de Sautet.
Claude Sautet ou la magie invisible n'est pas, à proprement parler, un hommage, même s'il le devient implicitement. Son principe est plutôt de parcourir, chronologiquement, la filmographie du réalisateur, depuis l'époque où il n'était qu'assistant de Labro ou Franju ou scénariste, et de faire réagir l'artiste, par un commentaire sonore, sur les extraits de films, des images de tournages ou autres documents d'archives. En écho à ces interventions, essentielles pour l'intérêt du documentaire, son épouse, Graziella, et certains de ses collaborateurs (scénaristes, producteurs, compositeurs, techniciens ou acteur) apportent leur témoignage. Si ces derniers, sauf exceptions, sont un peu convenus, le commentaire de Sautet, même s'il peut donner l'impression d'être allusif, nous renseigne beaucoup sur le cinéaste et sur l'homme.
Etrangement, un seul comédien apparaît dans le film. Lino Ventura, Romy Schneider, Yves Montand ou Patrick Dewaere ne sont, hélas ! plus là pour évoquer leur travail avec le metteur en scène de Classe tous risque, Max et les ferrailleurs, Vincent, François, Paul et les autres ou Un Mauvais fils. Mais pourquoi ne retrouve-t-on aucun des Michel Piccoli, Jean-Paul Belmondo, Gérard Depardieu, Sami Frey, Jacques Dutronc, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Daniel Auteuil, Sandrine Bonnaire, André Dussollier ou Emmanuelle Béart, pour ne citer que des têtes d'affiches ? La direction d'acteurs, compartiment fondamental du cinéma de Sautet, devient donc l'un des aspects les moins développés du film, en tout cas sans cette double lecture didactiquement si efficace comme c'est le cas dans le domaine du scénario. Pour conclure sur une note positive, car le film le mérite largement, signalons la brillante idée d'accompagner le documentaire de trois belles pièces de jazz, musique tant appréciée par Sautet, du pianiste français Olivier Hutman en quatuor.

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