dimanche 22 août 2004

Ned Kelly


"J'ai été un roc."

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Troisième long métrage de ce jeune réalisateur australien, dont le premier de ses deux courts-métrages avait reçu le "Prix du jury" au Festival de Cannes 1995, Ned Kelly est le dernier en date des nombreux films consacrés à cette "légende" populaire, sorte de Jesse James océanien, les deux hommes ayant d'ailleurs vécu à peu près à la même époque. Co-produit par Studio Canal, le film n'a pas connu d'exploitation en salles dans plusieurs pays européens, dont la France.
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Ned Kelly (Heath Ledger) appartient à la pauvre communauté irlandaise émigrée en Australie. Il devient, à 10 ans, un héros lorsqu'il sauve Dick Shelton, un enfant comme lui, de la noyade. Il reçoit, pour récompenser son courage, une écharpe verte brodée d'or des mains du gouverneur de la province de Victoria, et fait l'admiration des habitants de Beveridge et de sa famille, en particulier de son père qui décédera quelques temps plus tard. En 1871, il est arrêté et condamné à trois ans de prison pour le vol d'un cheval qu'il allait restituer à son prétendu propriétaire... le vrai voleur de l'animal. Sorti de prison, il retourne dans sa famille et effectue quelques travaux avant de se lancer dans le commerce de chevaux. Ned rencontre Julia Cook (Naomi Watts), l'épouse d'un riche propriétaire anglais. Un soir, alors qu'ils ont une brève aventure, le policier Fitzpatrick, se rend chez les Kelly et, prétextant détenir des mandats contre les deux frères pour vol de chevaux, en profite pour importuner Kate, la fille aînée. Dan (Laurence Kinlan), son frère, prend sa défense, frappe le policier et fait mine de lui tirer dessus.
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Fitzpatrick accuse Ned Kelly. Celui-ci demande à Julia Cook d'infirmer, par son témoignage, cette accusation. Mais, mère de deux jeunes enfants et redoutant l'opprobre, elle ne peut aider son amant. Ned Kelly, son frère et ses amis Joe Byrne (Orlando Bloom) et Steve Hart (Phil Barantini) sont contraints à la fuite. La police, dépêchée pour arrêter Ned, emmène sa mère et l'emprisonne. Le Gang Kelly, pour subsister et aider les familles irlandaises sans ressources, attaque alors des banques. Il tue également les policiers lancés à leur poursuite. Mais lorsqu'il détruit les hypothèques sur les biens de ses compatriotes, on envoie un important détachement commandé par le commissaire Francis Hare (Geoffrey Rush). Lequel, bien que respectant, voire estimant, son adversaire, n'aura de cesse que de mettre un terme à cette équipée romanesque et sauvage.
Tiré de l'un des multiples ouvrages consacrés à Ned Kelly ("Our Sunshine" de Robert Drewe), le film de Gregor Jordan est une œuvre sérieuse, appliquée mais à laquelle il manque un souffle épique pour être tout à fait convaincante. Il a néanmoins le mérite de faire oublier la précédente et grotesque version réalisée par Tony Richardson en 1970 (avec Mick Jagger dans le rôle titre !).
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L'un des atouts du film est la qualité de sa mise en scène et de sa photographie, sans réelle faiblesse du début à la fin du métrage (ce qui est plutôt rare, l'essoufflement visuel étant une constante dans le cinéma actuel), instillant plusieurs plages de respiration poétique avec des images de la flore et de la faune. En revanche, la performance des acteurs est, en dehors de celle du remarquable Geoffrey Rush, plutôt terne. L'australien Heath Ledger, déjà présent dans un précédent film de Jordan, n'arrive toujours pas à trouver le ton juste (il l'avait approché dans un second rôle, celui de Sonny Grotowski dans Monster's Ball). Il a tendance, ici, à en faire un peu trop au risque de caricaturer, au delà du nécessaire, son personnage. Orlando Bloom (que ses fans m'excusent par avance) est, ce n'est pas la première fois, totalement transparent. Enfin, Naomi Watts doit se contenter d'une figuration, certes prestigieuse, mais surtout commerciale, ce qui n'est pas lui faire honneur. A ce propos, j'en profite pour répondre à notre ami Crego, dont les interventions sur le site sont toujours intelligentes et intéressantes : il est vrai que l'on pourrait aisément supprimer les scènes dans lesquelles apparaît l'actrice sans compromettre la compréhension et l'équilibre du film. Il y a, pourtant, au moins trois raisons, outre l'aspect marketing, qui plaident pour ces scènes : 1. une histoire d'amour dans un contexte d'opposition de classes sociales, 2. la reconnaissance et la subsistance de l'image du "héros", malgré les événements, dans le regard d'une femme (contrepoint narratif qui trouvera un bref écho dans celui du personnage de Hare), 3. la justification d'une scène qui, symboliquement, résume le film, celle dans laquelle on abat un étalon sauvage qualifié d'indomptable.

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