vendredi 26 mars 2004

Immortel (ad vitam)


"J'ai peur... J'ai peur de devenir humaine."

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Troisième film d'Eneš Bilalovic, alias Enki Bilal, dont les deux premiers n'avaient pas été réellement concluants. Produit par Charles Gassot (La Cité de la peur, Un Air de famille), le film, tourné en anglais et doté d'un peu plus de 22M€ de budget, est l'un des premiers à utiliser aussi massivement la technique du backlot numérique, courante notamment pour la création de jeux vidéo. Pas particulièrement familier de l'univers narratif et pictural du dessinateur devenu réalisateur, c'est une pure curiosité qui m'a attiré à une projection de Immortel (ad vitam). Je n'en attendais rien. Il m'a plutôt agréablement surpris ; et attiré près d'un million de spectateurs.
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Dans un New York de 2095, à la fois extrêmement futuriste et mythologique, les hommes cohabitent avec les mutants et les dieux. Le pouvoir, absolu, est entre les mains d'un conglomérat médico-eugénique, Eugenics, dont le patron est en campagne électorale. Nous suivons les destins de Nikopol (Thomas Kretschmann), dissident condamné à une longue peine de congélation, libéré par un incident technique et d'Horus (Thomas M. Pollard), divinité à tête de faucon condamné à mort par ses pairs pour rébellion, qui convoite le corps de Nikopol pour laisser un trace de son existence et succombe aux charmes de Jill (Linda Hardy), une mystérieuse créature en mutation aux cheveux bleus.
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Né en Yougoslavie au début des année 1950, dans un pays déjà meurtri par les premiers conflits inter-ethniques, Bilal a créé un monde imaginaire, froid et désespéré, qui finalement ressemble beaucoup, même s'il est symbolisé, à celui de son enfance. Il reprend, ici, la trame de sa trilogie Nikopol ("La Foire aux immortels", "La Femme piège" et "Froid Equateur"), mais en le déplaçant de Paris à New York et en éliminant les guerres tribales qui occupaient une place importante dans la bande dessinée. Avec les membres de l'équipe de la société française d'animation 3D Duran, et doté de moyens financiers à la mesure du projet, le réalisateur compose un décor* unique et intéressant dans lequel évolue un casting mi numérique mi réel. Le récit, un peu inutilement complexe, est, peut-être, moins fort que l'esthétique du film. Les six comédiens sont bien intégrés à cet environnement virtuel. Charlotte Rampling, en doctoresse "humaine, trop humaine", domine cette distribution.
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Mais le couple vedette, Linda Hardy (ex Miss France 1992, dont c'est la seconde participation au cinéma), tout en retenue, bien loin de la prestation hystérique de Leeloo alias Milla Jovovich du Cinquième élément, et Thomas Kretschmann (le capitaine Wilm Hosenfeld du Pianiste), sont également convaincants. Soulignons enfin quelques citations littéraires de Baudelaire et un étrange personnage de John qui fait penser au Jeoffrey de Peyrac de la série mélodramatique Angélique. (modifiée le 24 oct. 04)
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*même s'il doit beaucoup, visuellement, à Blade Runner, Star Wars, Le Cinquième élément... ou encore Zardoz.

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