vendredi 6 février 2004

Onmyoji (the yin-yang master)


"Seimei... Je n'aurais pas cru... que tu saches pleurer !"

Yôjirô Takita serait-il le Peter Jackson nippon ? En tous cas, son Onmyoji est souvent comparé au Lord of the Rings, à tort ou à raison. Le réalisateur japonais y développe, c'est vrai, des thèmes assez proches de ceux de la "somme" du néo-zélandais, mais en restant fidèle à sa culture et en disposant, bien sûr, d'infiniment moins de moyens. Etrange parcours que celui de ce cinéaste qui a débuté sa carrière dans un genre dit "cinéma pour adultes" et est passé, presque sans transition, aux films pour la jeunesse. Il aime, de toutes évidence, raconter des histoires légendaires et fantastiques comme c'est le cas ici.
La période Heian (VIIIe-XIIe siècle), qui fait suite à l'ère Nara au cours de laquelle la lutte pour le pouvoir avait été intense, est une époque paisible (heian voulant d'ailleurs dire paix, tranquillité) pour le Japon, même s'il n'est pas encore uni. En 795, Kyoto devient la capitale d'un pays dont la famille Fujiwara est, de fait, l'autorité la plus puissante. Mais c'est également un moment troublé où "l'homme cohabite avec les démons". Le Mikado, pour se protéger contre les mauvais esprits et les démons, a recours aux onmyoji, sorte de scientifiques doublés de magiciens. Mais une lutte pour l'héritage du trône va opposer Motokata, père de la deuxième épouse de l'empereur à Morosuke, conseiller du Mikado et père de la plus jeune femme du souverain qui vient de donner naissance à un fils. Motokata s'allie avec Doson (Hiroyuki Sanada), l'onmyoji le plus éminent du palais, pour jeter un sort sur le nouvel héritier et sur sa famille. Le plus puissant des magiciens, Seimei (Mansai Nomura), sera appelé à le contrer à la demande d'Hiromasa (Hideaki Ito), un jeune courtisan joueur de flûte, aidé par l'immortelle dame Aone (Kyôko Koizumi).
Tiré de la série de romans de Baku Yumemakura(le Tolkien japonais ?), Onmyoji n'est pas, à proprement parler, sauf dans la toute dernière partie, un film d'action, les amateurs de chambara y seront pour leur compte. Takita joue davantage sur les atmosphères inquiétantes et surnaturelles sans oublier d'ajouter un soupçon d'humour un peu naïf plutôt sympathique. Les effets spéciaux sont, pour la plupart d'entre eux, de conception basique mais s'accompagnent d'une photographie souvent assez belle. Seule une certaine "surcharge" narrative et l'absence d'un véritable rythme peuvent affaiblir le film. La distribution est bonne, emmenée par Mansai Nomura(aperçu dans Ran de Kurosawa) et Hideaki Ito(Shurayuki-Hime), dans laquelle apparaissent également Hiroyuki Sanada(présent dans The Last Samurai) et un joli et efficace trio féminin.
Le film a fait l'objet d'une suite sortie en 2003.

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