samedi 28 février 2004

Hsi yen (garçon d'honneur)


"Elle fera de nombreux enfants !"

Avant de réaliser des blockbusters (décevants mais en couleurs !) pour Hollywood ou des chambara à succès, Ang Lee tournait des films sympathiques et humains (!). A rebours, Sense and Sensibility, son premier film non taïwanais et sans acteur asiatique, Yin shi nan nu (curieux mais que j'apprécie beaucoup) qui reprend une partie du casting de Hsi yen qui l'a précédé.
Wai-tung (Winston Chao), est un jeune américain d'origine taïwanaise installé à Manhattan avec son ami Simon (Mitchell Lichtenstein), homosexuel comme lui. Il possède un vieil immeuble dont il loue quelques surfaces, notamment à la jeune peintre chinoise Wei-wei (May Chin), en situation irrégulière dans le pays et qui a le plus grand mal à s'en sortir. La vie serait belle si les parents de Wai-tung, restés au pays, ne désiraient ardemment voir leur seul enfant se marier avec une compatriote. Ils l'ont, pour cela, inscrit dans la meilleure agence matrimoniale de Taïwan, capable, malgré les critères volontairement insensés fixés par leur adhérent, de trouver l'oiseau rare. Simon a l'idée de faire épouser, en apparences seulement, Wai-tung à Wei-wei, ce qui permettra à cette dernière d'obtenir sa green card tant désirée. Les parents Gao viennent passer quinze jours à New York pour le mariage de leur fils. On se marie discrètement à la mairie, mais les choses se gâtent lorsque les parents, contrariés parce qu'ils souhaitaient organiser une belle réception pour l'honneur de la famille et respecter les traditions, arrivent à convaincre leur fils de leur faire plaisir, surtout au père qui a déjà subi une attaque cardiaque. D'autant que Wei-wei n'est pas insensible au charme de son futur mari.
Les trois-quarts du film sont traités sur le ton de la comédie. Après une phase d'exposition assez brève, on assiste à la "mise en scène" destinée à convaincre les parents du futur marié de sa "normalité". Le mariage et sa cérémonie sont peut-être un peu longs, même si on peut comprendre la volonté de Lee de jouer sur les chocs multiples de cultures et installer plus finement les psychologies, notamment celles de Wei-wei et des parents. La dernière partie tourne au drame alors que l'on ne s'y attendait pas. L'homosexualité y est traités de manière plus subtile et une surprise dans le scénario apporte une coloration et une saveur nouvelle à ce final. Winston Chao joue là, et cela se voit, son premier film. Il est un peu maladroit même si sa rigidité sert son personnage. Mitchell Lichtenstein, qui avait débuté avec Altman, est chargé d'apporter la "touche occidentale". Son jeu est assez conventionnel et n'emballe pas vraiment. C'est surtout May Chin, elle aussi dans son premier film, qui donne un intérêt au film sur le plan de la comédie. Elle alterne, avec brio, force et fragilité pour donner à son rôle une épaisseur convaincante. Elle trouve, notamment, une résonance particulière dans ses rapports avec les parents de son "blanc-mari", Ah Lei Gua et Sihung Lung. A noter, enfin, que l'on aperçoit le réalisateur pendant la scène du banquet. 

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