lundi 30 décembre 2013

Chinatown

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"Forget it, Jake. It's Chinatown."


Sans doute le meilleur film, le plus maîtrisé de la brève et erratique période hollywoodienne (voire de la carrière toute entière) de . Un sommet d'autant plus difficile à atteindre en cette époque bouleversée1Chinatown ne présente presque aucune faille organique. L'excellent scénario original de 2 n'est-il pas depuis considéré comme l'un des modèles référentiels pour les apprentis écrivains du cinéma ? L'ancien collaborateur de Roger Corman est en effet parvenu à inventer une énigmatique, saisissante intrigue policière ne souffrant pas de la comparaison avec celles des prestigieux Raymond Chandler et Dashiell Hammett. Un récit aux enjeux multiples (moral, économique, psychologique...) fort adroitement inscrit dans un environnement géographique particulier, le Los Angeles des années 1930 coincé entre sécheresse et océan. Elaboré avec un savant dosage de matérialisme et d'abstraction au cœur desquels jaillit une (im)pulsion de tragédie grecque. 3 a su formidablement en tirer parti, notamment grâce aux rythmes (pulsations ?) qu'il donne à la narration mais aussi en entretenant, tout au long du métrage, une tension diffuse mais réelle. L'interprétation de , pour lequel le rôle avait été écrit, se place au-dessus de tout qualificatif. Plus discutable, le choix de Faye Dunaway4 se justifie néanmoins par la distance naturelle, le flegme et le caractère quasi désincarné5, éthéré de l'actrice floridienne. La présence "significative" de , le soin apporté à la production (décors, costumes...), la qualité de la photographie du Texan John A. Alonzo6 contribuent également à faire de Chinatown7 l'un des très grands films de l'histoire du cinéma.
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1. les studios étaient alors pris en étau par la vogue du film-catastrophe et la montée en puissance de la nouvelle et chahuteuse génération de cinéastes. Après deux échecs commerciaux,  restait surtout traumatisé par la mort violente de son épouse, motif principal de son départ des Etats-Unis.
2. contributeur non crédité de  déjà avec .
3. retenu par Robert Evans et la Paramount après le refus (regretté !) de Peter Bogdanovich.
4. Ali MacGraw, récemment divorcée du producteur, disqualifiée, celui-ci souhaitait confier le rôle à Jane Fonda, le réalisateur insistait pour qu'il soit tenu par Julie Christie. Les deux hommes se sont finalement mis d'accord sur le nom de .
5. je regrette un peu, pour cette raison, la scène de confidences sur l'oreiller.
6.  voulait à nouveau faire équipe avec William A. Fraker (Rosemary's Baby).
7. récompensé par quatre (sur 7 nominations) "Golden Globes" (meilleurs drame, réalisateur, acteur et scénario) et par l'"Oscar" (sur 11 citations) du meilleur scénario. Le film est entré en 1991 au National Film Registry. L'année précédente,  a repris, sous sa propre direction, son rôle dans The Two Jakes, le second volet du projet de trilogie initial.






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