dimanche 16 juin 2013

Psycho (psychose)

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"... I think that we're all in our private traps, clamped in them, and none of us can ever get out..."


S'il avait certainement la conviction d'avoir produit un très bon film,  n'imaginait sans doute pas le phénoménal et durable impact que produirait Psycho. La rupture catégorielle et formelle avec les précédentes réalisations, Vertigo et North by Northwest (pour ne citer que les deux dernières), est d'ailleurs considérable. L'adaptation par Joseph Stefano, scénariste alors méconnu, du sixième roman de 1 paru en 1959 tient en effet du thriller criminel mais aussi, unique occurrence dans la filmographie du cinéaste, horrifique2. Le noir et blanc, choisi pour plusieurs motifs3, et l'emploi d'acteurs principaux non hitchcockiens contribuent également de manière significative à cette forte impression de discontinuité, voire même d'altérité.
Mon premier visionnage de Psycho, une projection nocturne à la cinémathèque du Trocadéro, remonte à 1971 ou 1972. Un authentique choc ; je me souviens avoir été particulièrement marqué par l'étrange scène finale, par le jeu subtil, l'incroyable regard d'. Les multiples autres ont ensuite mis en évidence la redoutable maitrise narrative et "opératoire" d'. Celle d'ancrer le récit dans un réalisme minutieux (Phoenix - Arizona, vendredi 11 décembre, 14h43), dans un contexte presque trivial perturbé par la dépendance, la contingence, la perte et la folie (passagère ou pathologique)Avec le recul, le rôle respectif joué les "figures" antagonistes du film relève d'une provocante ironie. L'ordre (la loi à travers un représentant, l'agent de patrouille, saisissante apparition au réveil du deuxième et dernier jour) à la fois dans la persistance de la transgression et l'effroyable sort subi par Marion Crane4. La confusion, incarnée par Norman Bates, dans la prise de conscience par celle-ci de son inconséquent forfait.
Que dire, sans les affaiblir par le verbe, des singulières atmosphères créées par le producteur-réalisateur avec ses collaborateurs, du souci maniaque des détails, de l'importance des dialogues (souvent inconsistants ou inexistants dans la plupart des films de genre), de l'inoubliable, désormais mythique scène de la douche, indissociable de l'inouïe et stridente partition inventée par le génial Bernard Herrmann (encore une fois auteur d'une bande originale - à cordes - superlative), de la séquence, en plongée et déséquilibre, du meurtre du détective Milton Arbogast (joué par ) ? Comment enfin ne pas louer les interprétations du prodigieux , vulnérable et inquiétant, et de 5 dont le personnage (le plus saillant de sa carrière débutée treize ans plus tôt) disparaît pourtant au cours de la première partie du film ? Entré au National Film Registry en 1992, Psycho peut être, sans hésitation, qualifié d'œuvre primordiale en raison de l'influence qu'il continue d'exercer sur le cinéma et, plus généralement, sur la culture populaire.
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1. correspondant épistolaire, à l'âge de 15 ans, d'H.P. Lovecraft et écrivain souvent inspiré par des tueurs en série.
2. The Birds ne peut, raisonnablement, être classé dans ce genre.
3. atténuer visuellement les séquences sanglantes, réduire le coût de production (de son dernier film pour la Paramount), "s'étalonner" vis-à-vis des médiocres séries B à succès également tournées en N&B et en référence aux Diaboliques d'.
4. "There are plenty of motels in this area. You should've... I mean, just to be safe."
5. Eva Marie Saint, Lee Remick, Angie Dickinson, Piper Laurie, Martha Hyer, Hope Lange, Shirley Jones et Lana Turner ont été pressenties pour le rôle qui valut à  sa seule récompense majeure, le "Golden Globe" 1961 de la meilleure actrice de soutien.



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