jeudi 14 mars 2013

Argo

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Est-il si fréquent de voir le cinéma hollywoodien sauver des vies ? A l'écran, évidemment ; dans la réalité, de manière très exceptionnelle. Il est d'ailleurs étonnant que le "Canadian Caper" (déclassifié par Bill Clinton en 1997, plus de quinze ans après les faits) n'ait pas été porté à l'écran auparavant(1). Grand succès(2) commercial, le multiprimé troisième film du réalisateur  se montre à la hauteur de l'enjeu. Adapté par Chris Terrio à partir d'extraits de l'ouvrage "Master of Disguise" de Tony Mendez et d'un article(3) de Joshuah Bearman, Argo s'inscrit d'emblée, avec intelligence, dans une réalité documentaire et un contexte historico-politique. Mais également dans sa relative complexité morale et humaine. Quoique informatif, le scénario n'évite certes pas les libertés, enjolivures ou dramatisations impressives. Mais il joue assez bien sur la polarité du mensonge en diplomatie politique. L'influence croissante de l'image, de la télévision, de la culture filmique populaire (notamment celle du genre science-fiction/fantastique) est aussi astucieusement soulignée. On peut en revanche regretter la faible évocation du basculement, qui s'opérait alors dans l'opinion publique, en faveur d'un nouvel interventionnisme militaire à l'étranger.
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1. si l'on excepte le précoce téléfilm canado-étasunien Escape from Iran: The Canadian Caper (otages à téhéran) de  diffusé en mai 1981.
2. plus de 132M$ de recettes en salles US pour un budget de 45M*.
3. "Escape from Tehran: How the CIA Used a Fake Sci-Fi Flick to Rescue Americans from Iran" paru en mai 2007 dans le magazine "Wired".



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