They Made Me a Criminal (je suis un criminel)

"You're as good as dead!"

Adaptée, l'année même de sa création off-Broadway, par Archie Mayo (avec Douglas Fairbanks Jr. et Loretta Young en vedettes où figuraient également John Wayne et le jeune Mickey Rooney), la pièce "Sucker" co-écrite par le duo Bertram Millhauser-Beulah Marie Dix est reprise six ans plus tard par Busby Berkeley. Surtout connu comme chorégraphe (42nd Street, Footlight Parade), celui-ci et son scénariste Sig Herzig y apportent néanmoins de significatifs changements qui donnent à ce drame criminel situé dans le milieu de la boxe une tournure particulière. Pour le personnage central, aux côtés de Claude Rains, Ann Sheridan brièvement à l'écran et The Dead End Kids(1), Hal B. Wallis choisit le presque débutant John Garfield, récent titulaire d'un second rôle dans Four Daughters.

Vainqueur par K.O. de son adversaire, Johnnie Bradfield ramène le titre de champion du monde des poids légers aux Etats-Unis. Dans le vestiaire, l'enquêteur Monty Phelan et son inspecteur lui annoncent une bonne nouvelle. Ils ont retrouvé la montre, cadeau de sa mère, qu'on lui avait volée. Une fois Phelan retourné à la morgue, l'inspecteur révèle à Bradfield l'erreur commise dix ans auparavant par son subordonné à l'origine de l'exécution de l'innocent Barney Scofield. Après avoir répondu aux questions des journalistes, le nouveau champion fête sa victoire en compagnie de son amie Goldie West et de son manager Doc Wood. Ils sont bientôt rejoints par Budgie, une amie de Goldie, et Charlie Magee auquel l'éméché Bradfield avoue s'être inventé une mère pour tromper le public. Une information que Magee, reporter au "Morning Graphic", compte bien exploiter. Celui-ci réussit à éviter la frappante dissuasion de Bradfield mais il est mortellement frappé par Wood à l'aide d'une bouteille. Après avoir assommé Budgie à son tour, Wood emmène le sportif et Goldie chez lui. Là, faisant endosser le meurtre à Bradfield, il convainc la jeune femme de s'enfuir avec lui. En tentant d'échapper à deux motards de la police, ils sont victimes d'un terrible accident.

Certes moins éblouissant que le futur Body and Soul de Robert Rossen (avec John Garfield en Charlie Davis), They Made Me a Criminal reste pourtant l'un des bons films(2) de cette décennie finissante dans lesquels le "noble art" participe à la narration. La prestation de l'ancien jeune orphelin de mère, pensionnaire d'un établissement pour enfants difficiles formé à la boxe et à l'art dramatique, y prend évidemment toute sa part. Le rôle de ce personnage bivalent, contradictoire, d'abord opportuniste, manipulateur puis salvateur au prix de sa liberté, aurait d'ailleurs pu être écrit pour lui. Peu emballé par le sien, Claude Rains (son partenaire dans l'adaptation du roman de Fannie Hurst déjà citée ainsi que dans quatre autres productions successives) fut contraint de l'accepter. Ses apparitions comme celles d'Ann Sheridan ne sont du reste pas très nombreuses. Les deux acteurs masculins y retrouvaient l'Australienne May Robson (Apple Annie de Lady for a Day), engagée pour "animer" ce récit enlevé (à défaut d'être dansé !) en compagnie de la comédienne Gloria Dickson, disparue prématurément, et de l'indispensable et joyeuse bande des Dead End Kids 
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1. groupe constitué de Billy Halop, Bobby Jordan, Huntz Hall, Bernard Punsly, Gabriel Dell, Leo et David Gorcey rendu populaire au théâtre grâce à Sidney Kingsley. Il apparaît ici dans une quatrième production United Artists-Warner, succédant à Dead End, Crime School, Angels with Dirty Faces et précédant Hell's Kitchen, The Angels Wash Their Faces et On Dress Parade.

2. avec The Champ de King Vidor, The Prizefighter and the Lady de W.S. Van Dyke, Kid Galahad de Michael Curtiz ou encore Golden Boy de Rouben Mamoulian.