lundi 31 août 2009

The Offence


"Something bothers you."

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Pris en étau entre The Anderson Tapes et Serpico, The Offence (comme d'ailleurs Child's Play sorti quelques mois plus tard) est rarement cité lorsque l'on évoque la filmographie de Sidney Lumet. Injuste négligence ou méconnaissance liée à l'échec commercial du film, à sa diffusion confidentielle ou sa sortie tardive, en particulier en France ? Cette adaptation par John Hopkins (scénariste de Thunderball et Murder by Decree) de sa pièce "This Story of Yours", créée au Royal Court Theatre de London en 1968, mérite pourtant que l'on s'y attarde. D'abord en raison de la surprenante et froide efficience du récit mais aussi pour l'interprétation d'un Sean Connery bien entouré, quoique à peine remis de ses exploits et émotions bondiens.
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Trois élèves de la Brackley School (Buckinghamshire) ont successivement été agressées par un inconnu. L'établissement est depuis placé sous une discrète mais jusque-là vaine surveillance policière à l'heure de la sortie des classes. Une quatrième jeune fille, Janie Edmonds, disparaît pourtant peu après en rentrant seule chez elle. Sur la base d'un témoignage, une battue est organisée à la nuit tombée dans un bois. Le sergent Johnson retrouve la victime, violentée et terrorisée, mais il ne réussit pas à la questionner avant son hospitalisation. Les inspecteurs sont alors fermement invités à se déployer sur le terrain pour recueillir des informations susceptibles de permettre d'appréhender le coupable. Au cours de leur ronde, deux policiers repèrent un individu au comportement curieux et le conduisent au poste. Interrogé sans résultat, Kenneth Baxter se retrouve bientôt face à Johnson, convaincu de sa culpabilité.
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Authentique drame psychologique brièvement dissimulé sous un l'apparence d'un polar, The Offence apparaît d'emblée comme une œuvre singulière, étonnante et puissamment subjective. Le naufrage* quasiment insondable, dont le processus s'accélère en cours d'enquête, du catégorique et culpabilisateur officier Johnson semble intemporel et demeure étourdissant. Le spectateur pressent peut-être vaguement, à travers le prisme étrange et inquiétant du prologue qui précède le générique, le "sens" éventuel de la narration. Mais ce "bloody" scénario le renvoie presque en permanence à lui-même en l'empêchant de s'appuyer sur quelques éléments véridiques (le titre alternatif du film est "Something Like the Truth"), rationnels, éclairants et non fantasmés. On comprend en revanche aisément les raisons qui contribuent à faire de ce rôle ambigu, à la fois primaire et complexe (sorte de figure inverse à celui qu'il tient dans A Fine Madness d'Irvin Kershner), l'un des préférés de Sean Connery. Dans le troisième des cinq films tournés sous la direction de Sidney Lumet, l'acteur écossais, entre brutalité et altérabilité, se révèle tout simplement remarquable, seul ou face à Vivien Merchant, l'épouse d'Harold Pinter, à Trevor Howard ou à Ian Bannen, son partenaire dans The Hill du même réalisateur.
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*"offence" se traduit par délit mais également par transgression qui signifie aussi en français inondation.




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