lundi 17 août 2009

Biruma no tategoto (la harpe de birmanie)


"Portés par le vent, deux ou trois accords à la harpe feraient-ils d'un mort un vivant ?"

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Présenté en compétition à la Mostra de Venise (où le Rashômon de Kurosawa avait été le premier film japonais à s'imposer cinq ans plus tôt) en 1956*, Biruma no tategoto permet à Kon Ichikawa d'acquérir une audience internationale, en particulier européenne. Pourtant ce drame aux accents quasi métaphysiques, adapté du roman publié en 1948 à l'origine de la célébrité de l'écrivain germaniste** Michio Takeyama, n'est pas le plus aisément accessible pour un esprit occidental. En revanche, sa dimension universaliste (paradoxe ?) plaide en sa faveur, expliquant peut-être sa sélection, aux côtés de La Strada, aux Academy Awards 1957.
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Birmanie, juillet 1945. Une section de l'armée japonaise en déroute fuit à travers les montagnes pour essayer d'atteindre la Thaïlande voisine. Pendant les haltes, le lieutenant, jeune diplômé du conservatoire, encourage régulièrement ses hommes à chanter en chœur, accompagnés à la harpe par le talentueux et autodidacte caporal Yasuhiko Mizushima. Lors de l'une d'entre elles dans un village indigène, la section est bientôt rejointe par des soldats britanniques qui leur apprennent la capitulation nippone et la fin de la guerre. Prisonnier avec ses hommes de l'ancien adversaire, le lieutenant confie à Mizushima la mission de tenter de convaincre des résistants japonais, assiégés au sommet du mont du Triangle, de se rendre et d'éviter ainsi des morts inutiles. Le caporal échoue et demeure le seul rescapé, grâce aux soins d'un bonze, du massif bombardement consécutif.
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Même s'il a incité son épouse Natto Wada à retirer de l'adaptation la "tonalité" fantastique de l'œuvre littéraire, Kon Ichikawa n'y est pas totalement parvenu. A croire qu'elle était trop étroitement imbriquée (entrelacée) à ces douloureux souvenirs d'un héroïsme singulier, en partie narrés en voix off. De même que la vie et la mort sont indissociables, ce récit apparemment réaliste (pacifiste, humaniste, fraternel, nostalgique...) ne prend de sens que grâce à l'évidente, persistante et parfois étrange onde spirituelle qui le parcourt. Lumineux dans son principe comme dans ses intentions, Biruma no tategoto apparaît néanmoins un peu plus elliptique dans son traitement, notamment la continuité de la narration. Assez dissemblable de Nobi, autre drame militaire réalisé un peu plus tard par Kon Ichikawa pour la Daiei, il bénéficie de la présence du solide Rentarô Mikuni et de Shôji Yasui dans son second film sous la direction du réalisateur. Celui-ci tournera une nouvelle adaptation, en couleur, du roman avec Kiichi Nakai et Kôji Ishizaka dans les principaux rôles.
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*une édition sans "Lion d'or". Le festival vénitien avait également contribué à la notoriété mondiale de Kenji Mizoguchi puis d'Hiroshi Inagaki.
**mais toutefois très critique à l'égard de l'Allemagne nazie, de l'Axe et plus généralement du totalitarisme.



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