jeudi 28 mai 2009

Trouble in Mind (wanda's café)


"... Le hic... c'est d'y croire longtemps."

 - film - 10064_3
Dans l'immédiate foulée de Choose Me, autre drame sentimental avec Geneviève Bujold et Keith Carradine parmi les rôles principaux, Alan Rudolph écrit et réalise Trouble in Mind, vaguement inspiré de la chanson éponyme enregistrée en 1926 par le pianiste de jazz Richard M. Jones* accompagné de Louis Armstrong. Comme le précédent film, ce faux polar modal, voire curieusement atonal, procède et se développe à partir de la rencontre de marginaux instables. Par l'esprit et par la forme plus que par la narration, il n'est pas si éloigné de La Lune dans le caniveau, de Subway ou de Mauvais sang sortis à peu près à la même époque. Un an avant celui-ci, Trouble in Mind était d'ailleurs candidat à l'"Ours d'or" de la Berlinale où il recevait le prix de la C.I.C.A.E.**
 - film - 10064_9
Ancien inspecteur, John Hawkins sort de prison où il a purgé une peine pour le meurtre d'un gros malfrat. 'Hawk' retourne chez sa vieille amie Wanda, propriétaire d'un café, qui met aussitôt à sa disposition l'un des appartements situés au-dessus de son commerce. Après avoir rendu visite à son ex-patron, le lieutenant Gunther, hostile à lui confier un job, 'Hawk' y rencontre Rambo, porteur d'une proposition de rejoindre le gang de son patron, le puissant Hilly Blue. Le camping-car de Coop, de sa compagne Georgia et de leur bébé Spike se gare peu après à proximité du "Wanda's Cafe". L'individu, employé précaire près à tout pour trouver rapidement de l'argent, s'associe avec l'un des clients du café pendant que Georgia suscite l'intérêt de Wanda et de 'Hawk'.
 - film - 10064_10
Dans presque tous ses films, Alan Rudolph aime à mettre en scène des individus solitaires, excentriques. Une caractéristique que l'on retrouve encore une fois dans Trouble in Mind aux ambiances poético-romantiques, baroques et post-modernes à la fois. Située dans une Rain City (à laquelle Seattle prête ses extérieurs) intemporelle et martiale, cette histoire rappelle étrangement Alphaville de Jean-Luc Godard, "Ours d'or" 1965. Mélancolique et pourtant ancré dans une farouche immédiateté ("The past just don't matter, tomorrow won't mind"***), le scénario imaginé par le protégé de Robert Altman, son assistant sur The Long Goodbye, surprend par ses ruptures, ses longueurs et raccourcis sans convaincre vraiment. Titulaire du rôle de Blackie Buck dans Songwriter, drame musical tourné par Rudolph juste après Choose Me, Kris Kristofferson participe pour beaucoup au charme du film aux côtés de Lori Singer, future violoncelliste dans le collégial Short Cuts d'Altman et que l'on reverra notamment dans le gémellaire Equinox.
___
*reprise près d'un millier de fois, notamment par Aretha Franklin, Janis Joplin ou Jeff Beck.
**Confédération Internationale des Cinémas d'Art et d'Essai Européens.
***in "El Gavilán" (the hawk, le faucon).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire