"Si tu veux que les gens te suivent, il te faut un but."
The Dark Side of Outsiders. Sorti sept mois après The Outsiders, et tiré, comme lui, d'un roman de Susan E. Hinton, Francis Ford Coppola retrouve les acteurs de son opus précédent : Matt Dillon (qui a joué en 1982 dans une autre adaptation d'un ouvrage d'Hinton, Tex, sous la direction de Tim Hunter), Diane Lane et Tom Waits auxquels il adjoint Mickey Rourke en pleine ascension cinématographique pour ce nouveau film sur la difficulté d'être adolescent.
Echec commercial, contrairement à The Outsiders, et film controversé, Rumble Fish est une sorte de sombre métaphore sur le temps(/passage).
D'emblée, le réalisateur le met en scène par le défilement accéléré de
nuages, de prises de vues au ralenti de panoramas urbains de Tulsa (Oklahoma), de trains qui ne cessent de passer ou la présence quasi permanente d'horloges à l'écran. C'est aussi un film sur l'absence(/présence) et le semblant(/la ressemblance).
Parti pris esthétique du noir & blanc (qui épouse la vision du Motorcycle Boy) à l'exception des rumble fishes, ces "combattants siamois" qui donnent leur nom au film, Coppola
développe un espace visuel et sonore spécifique : ombres et fumées,
sons décalés dont on ne voit souvent pas l'émetteur, musique de Stewart
Copeland (le batteur de Police). Une démarche qui inspirera de nombreux professionnels de l'image, notamment les publicitaires (probable raison principale du "vieillissement" du film).
Doit-on
accorder la place centrale à l'histoire ou à son traitement visuel ?
Difficile de choisir, comme de réussir à s'identifier à l'excessif (mais formidable, grâce à Dillon) Rusty James ou à l'éthéré Motorcycle Boy. Les autres personnages sont relativement effacés, à l'exception du personnage féminin principal Patty (Diane Lane) : le père alcoolique (Dennis Hopper), l'opportuniste Smokey (Nicolas Cage), la junky Cassandra (Diana Scarwid), la justice (dé)incarnée par le flic Patterson (William Smith) ou encore le bon élève Steve (Vincent Spano) qui ressemble à Larry Clark.
Peut-on choisir ou échapper à son destin ? L'élémentaire Rusty James ne sera probablement jamais chef de gang et ne ressemblera pas à son frère aîné. La soif de liberté de Motorcycle Boy
ne sera satisfaite que dans la mort. Mais devient-on une légende de son
vivant ou par la mort ? Autre question (triviale celle-là) : peut(doit)-on mourir pour avoir libéré des animaux domestiques d'une ménagerie ?
La
réalité n'est pas, on l'a compris, l'essentiel de ce film. C'est la
raison pour laquelle, même s'il possède des connections avec le Rebel without a Cause de Nicolas Ray, il doit davantage encore au cinéma de Borzage (Rumble Fish est un film sur l'amour ; il est d'ailleurs dédié au frère aîné de Francis Ford, August) ou au cinéma expressionniste allemand des années 1920. Comme Rumble Fish a inspiré le Mala Noche de Gus Van Sant.
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