jeudi 19 juin 2003

Deep Impact


"Moby Dick, premier chapitre"

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Tourné quasiment en même temps et sorti en salles seulement deux mois avant l'Armageddon de Michael Bay, Deep Impact est construit sur un schéma narratif identique : un immense astéroïde va s'écraser sur la Terre ; une mission de sauvetage de l'humanité est organisée. Mais le traitement formel et psychologique diffère sensiblement. Pour résumer, disons que le film de Mimi Leder "roule moins des mécaniques" que son compétiteur.
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Autant les personnages d'Armageddon* sont caricaturaux, ce qui est probablement un choix délibéré de son réalisateur, leur psychologie relativement basique (les pseudo intrigues secondaires n'apportaient pas de relief particulier au film), autant ceux de Deep Impact sont plus fouillés, (sans pour autant viser le niveau des œuvres de Ingmar Bergman !), les relations parents-enfants et plus largement celles des générations, le rôle des médias et les enjeux de la célébrité sont abordés avec un minimum de recul et sensibilité. Par ailleurs, les thèmes essentiels de l'amour et du sacrifice sont développés, contrairement à Armageddon, sur le mode collectif et non individuel.
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L'intensité dramatique y est également plus aiguë puisque une authentique catastrophe précède une vraisemblable fin du monde qui, heureusement, n'aura pas lieu. Elle permet, également, de révéler la dimension réelle des personnages et de prendre conscience du peu de cas que nous faisons des autres et de notre terre dans une équation résolue par le Carpe Diem du poète latin.
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L'interprétation est raisonnablement convaincante. Les seconds rôles l'emportent puisque Robert Duvall en astronaute expérimenté ou Vanessa Redgrave qui joue (dans quelques scènes seulement) la mère du personnage central offrent les prestations les plus solides et attachantes. Morgan Freeman en Président des Etats-Unis est peut-être un peu trop humain et sincère pour la fonction. Elijah Wood, que l'on a du mal à voir autrement qu'en Frodo Baggins, possède l'enthousiasme et la candeur de son rôle d'étudiant "premier de la classe".
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Enfin Téa Leoni est peut-être l'élément le plus faible du casting, à la fois mal à l'aise en journaliste arriviste et assez peu crédible dans les scènes d'émotion.
Pour conclure et anticiper sur les critiques mettant en avant le trop plein de bons sentiments et l'idéalisme un peu puéril, je dirais tout simplement, et en guise de boutade, que si le monde était moins sec et brutal, nous n'aurions pas besoin de l'imaginer dévasté par une déferlante d'un kilomètre de haut et rempli d'un peu plus d'humanité pour créer l'espoir.
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*sans parler du médiocre Meteor de Ronald Neame.

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