dimanche 22 juin 2003

La Prima notte di quiete (le professeur)


Improbable et daté

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Sorti la même année qu'Un flic de Jean-Pierre Melville et L'Assassinat de Trotsky de Losey, La Prima notte di quiete s'inscrit dans un "creux de vague" de l'acteur Alain Delon entamé avec la comédie de Jacques Deray, Doucement les basses et qui s'achèvera grâce au Deux hommes dans la ville de Giovanni (dans lequel le couple Gabin/Delon est reconstitué dix ans après Mélodie en sous-sol et quatre ans après Le Clan des siciliens).
Antépénultième oeuvre de son réalisateur, Le Professeur jouit d'une réputation étonnamment favorable. Vu en salle, il n'en restait quasiment aucun souvenir, seulement des impressions fugitives.
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Il s'agit, en réalité, d'un film improbable. Improbable comme ce dialogue pré-générique pour nous apprendre l'arrivée toute récente du personnage central à Rimini. Improbable, un Alain Delon incarnant un Daniele Dominici professeur de littérature, poète à ses heures, récitant des vers, commentant un bas-relief et laissant ses élèves lire le journal en classe (1968 est encore vivace). Improbable histoire d'amour pour l'étudiante Vanina Abati (Sonia Petrova) au passé trouble superposée à une improbable vie conjugale avec son épouse Monica (Lea Massari), infidèle et dépressive. Improbable, la musique originale faussement jazz qui singe, sans talent, les "espagnolades" d'un célèbre trompettiste ("Sketches of Spain" date de 1960).
Improbable et sans intérêt. Qu'apporte cette errance d'un homme à la dérive, idéalisant une jeune femme sans qualité, peut-être à la recherche de l'image d'une cousine morte dans l'adolescence ? Sans parler de ces tristes soirées aux ambiances alcoolisées, "stupéfiées" et misogynes.
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De la distribution, seule Lea Massari apporte, au cours de ses rares scènes, un peu de vérité et de relief à son personnage. La jeune Sonia Petrova, aperçue dans le Ludwig de Visconti, ne réussit pas à donner une dimension authentiquement dramatique à Vanina. Il faut également évoquer la triste apparition de l'héroïne de Senso, Alida Valli, la mère de Vanina, excessive et vulgaire. Enfin, Alain Delon, dans un de ses rôles où il n'est pas "magnifié" (mal rasé, cerné et portant tout au long du film la même tenue vestimentaire), ressemble davantage à un personnage de western spaghetti qu'à un héros de drame italien.
Le film est improbable jusque dans son image finale que nous ne dévoilerons pas pour ceux qui voudraient le (re)voir.

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