dimanche 4 janvier 2015

Downhill (c'est la vie)

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"Here is a tale of two school-boys who made a pact of loyalty. One of them kept it - at a price."

L'accueil très favorable reçu, au début de l'année 1927, par The Lodger... (voir article) incite naturellement ses producteurs au remploi de la formule. Entretemps,  a réalisé pour la British International, sur la base d'un scénario original de son propre cru (cas unique, me semble-t-il, dans la carrière du cinéaste), le romantico-pugiliste The Ring. Le choix de Michael Balcon, associé cette fois à C.M. Woolf, se porte sur la pièce "Down Hill" co-écrite par 1 et  sous le pseudonyme commun de David L'Estrange. Drame à connotations morales et sociales adapté par le prolifique Eliot Stannard, le cinquième film d' relate en trois parties2 la descente aux enfers d'un jeune homme initialement promis à un bel avenir. Faussement accusé par l'employée d'une boutique, Roddy Berwick est renvoyé de son école dont il venait d'être nommé capitaine grâce à ses divers mérites. Ne voulant pas trahir le pacte implicite conclu avec son camarade boursier (et véritable coupable) Tim WakelyRoddy retourne chez ses fortunés parents. Parce que son père Sir Thomas doute de son innocence et le traite de menteur, il décide de quitter le domicile familial et devient un anonyme figurant de comédies musicales. Sa modeste situation financière lui interdit de courtiser Julia Fotheringale,  la vedette du spectacle et maîtresse d'Archie son partenaire de scène. Les inespérés trente mille livres sterling reçus en héritage d'une tante rebattent néanmoins les cartes au sein du trio.
S'il ne forçait un peu le trait allégorique, Downhill offrirait un regard très pessimiste sur la nature humaine. Derrière le thème du faux coupable qu'il développera ensuite à plusieurs reprises,  semble en effet attester l'insignifiance de la vertu (vocable pris à toutes ses acceptions) dans une société régie par la compromission, l'avidité et l'illusion. La misogynie du film est une de ses fortes caractéristiques, la femme (à l'exception de l'évanescente mère de Roddy) étant présentée comme foncièrement vénale et déloyale. La première partie s'inspire assez clairement du "péché originel" ayant provoqué l'exil du premier homme hors du Jardin d'Eden. La nature de la faute reste, ici aussi, volontairement occultée (vol, copulation, engendrement... ?) ; la rigidité et l'intransigeance de la figure paternelle sont, en revanche, sans équivoque.  poursuit son expérimentation de techniques et astuces visuelles de mise en scène. Il privilégie également l'expressivité de ses acteurs en limitant le nombre d'intertitres. Face à 3, sa partenaire de la trilogie du Rat peut enfin mettre en évidence une palette interprétative plus large que celle requise pour The Lodger...

N.B. : nos amis marseillais se réjouiront sans doute de voir leur ville symboliser, de façon sciemment bigarrée, le gouffre ultime dans lequel plonge le personnage principal du film !
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1. comédienne précoce, co-auteur, déjà avec , de la pièce The Rat, veuve du comédien anglais et acteur hollywoodien Julian L'Estrange lui confiera, vingt ans plus tard, le rôle de la tante du jeune David, la précoce victime de Rope.
2. The Word of Youth - The Word of Illusions - The World of Lost Illusions.
3. vedette du Easy Virtue à venir, elle tiendra un rôle secondaire (Mrs. Newsham) dans Suspicion.







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