mercredi 3 décembre 2014

Libera me

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Si l'on aborde le visionnement de Libera me sans être affranchi, la question du thème et des motivations du film s'impose très vite. Quelques explications préalables sont nécessaires. Après Un Etrange voyage et Thérèse décide de rompre avec la fiction ou, à tout le moins, avec les conventions narratives auxquelles elle adhère dans le cinéma commercial. Un choix qu'il explique d'ailleurs assez clairement au cours d'un entretien1 réalise ainsi, entre 1986 et 1991, une intéressante série de vingt-quatre courts portraits de travailleuses manuelles exerçant différentes activités en voie de disparition. Libera me2 procède de cette orientation originale et singulière. Produit par Louis Becker (le fils de Jean) et Jérôme Clément, écrit avec  (nous sommes néanmoins bien loin du Plein de super !) et Andree Fresco, ce récit, sans le moindre dialogue tourné avec des inconnus3, illustre de façon opérante, par la seule force des images4, l'infernal et mortifère cycle déclenché par la dictature (dissidence/détention/révolte/répression). Pourquoi réaliser un tel film en 1993 et le situer dans un contexte hispanique5 ?  n'a, sauf erreur, jamais vraiment répondu à cette interrogation6. Mais le totalitarisme ne reste-t-il pas une menace continuelle ?
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1. "Il y a quelque chose de totalement instinctif dans mon travail. Je fais des films parce qu'il y a des images que j'ai envie de tourner ; je ne suis sensible aujourd'hui qu'à mes exigences personnelles, au-delà de toutes les influences et de tous les emprunts conscients... Je me sens indéfinissable."
2. sélectionné en compétition lors du 46e Festival de Cannes.
3. dont divers collègues.  a débuté sa sporadique carrière d'acteur avec le film.
4. celles du cinématographe Patrick Blossier (collaborateur notamment d'Agnès Varda et de Costa-Gavras) montées par Marie-Pomme Carteret.
5. la géopolitique d'après-Guerre a, il est vrai, été marquée par les nombreux et terribles coups d'Etat en Amérique latine. Le morcellement du Bloc de l'Est, dans les années 1980, a cependant contribué à assouplir la doctrine du "suzerain" étasunien et à favoriser une certaine démocratisation.
6. le cinéaste a seulement expliqué qu'il ne l'avait "pas fait pour des raisons d’affirmation politique", qu'il voulait "filmer la souffrance." (extrait d'une interview donnée au quotidien "La Croix")



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