vendredi 14 novembre 2014

Stagecoach (la chevauchée fantastique)

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"Well, there are some things a man just can't run away from."

Classique du western s'il en est, le premier western sonore de 1 reste, trois quarts de siècle plus tard, une véritable référence cinématographique. Adapté par Dudley Nichols2 (et Ben Hecht, non crédité) à partir de la courte histoire "Stage to Lordsburg"3 (1937) du prolifique romancier spécialisé Ernest HaycoxStagecoach suscite presque aussitôt l'engouement par sa limpidité narrative, son humanité, son équilibre et son rythme parfaitement maîtrisé. Les relations qui vont se nouer, parfois se tendre entre les sept4 occupants et deux5 convoyeurs de cette diligence reliant Tonto (Arizona) à Lordsburg (Nouveau Mexique) constitue d'évidence l'essentiel du récit, la menace apache ne servant qu'à dramatiser une situation déjà potentiellement conflictuelle mais aussi à provoquer une solidarité, sincère ou de circonstance. Unités de temps et de lieu (en déplacement !) sont respectés ; le film s'affranchit néanmoins de celle d'action puisqu'il intègre une intrigue secondaire (vengeresso-sentimentale) sur laquelle il se conclut.
L'époque des westerns à gros budget étant révolue, le projet porté par  ne trouva pas preneur auprès des studios hollywoodiens. Le cinéaste parvint finalement à un compromis avec Walter Wanger, imposant au passage son ami 6 pour l'un des deux rôles principaux. Tradition , le casting de Stagecoach se révèle particulièrement pertinent. La New-yorkaise 7, archétype de la "mauvaise fille" du film noir hollywoodien dans un contremploi,  à la voix si caractéristique, le remarquable , le formidable  (récompensé pour son interprétation par l'unique "Oscar" de sa carrière), sans oublier  ni, sans les nommer, la plupart des autres acteurs de soutien. Entré au National Film Registry en 1995, Stagecoach est enfin le premier film de  prenant pour décor le site si filmogénique de Monument Valley8.

N.B. :  réalisera en 1966 une seconde version avec  et  ( y tient son dernier rôle crédité au cinéma) suivie en 1986 par le téléfilm de  avec  et .
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1. treize ans après 3 Bad Men.
2. le natif de Wapakoneta (Ohio) signait ici le douzième des quinze scénarii, depuis Men Without Women en 1930, réalisés par .
3. elle-même inspirée du "Boule de suif" de Guy de Maupassant ?
4. dans l'ordre Lucy Mallory, une femme enceinte en route pour rejoindre son époux capitaine de cavalerie, Dallas, une péripatéticienne renvoyée de la ville par une ligue féminine, le docteur Boone plus occupé à satisfaire son ivrognerie qu'à soigner, Samuel Peacock, un représentant en whisky, le distingué Hartfield, joueur professionel, le banquier et voleur Henry Gatewood auxquels se joint le présumé hors-la-loi Ringo Kid échappé de prison.
5. le marshal Curly Wilcox et le cocher Buck.
6. l'acteur trentenaire et expérimenté n'avait, jusque-là, fait que de la figuration pour . Les deux hommes tourneront encore ensemble treize fois jusqu'en 1963.
7.  qui avait débuté en 1933 dans un western, récurrente partenaire de Spencer Tracy avant d'être remarquée dans un second rôle du polar Dead End. Le duo alors inédit avec  sera a nouveau réuni à trois autres reprises.
8. Ford aimait tellement l'endroit qu'il le fit traverser trois fois par la diligence !






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